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À propos des stages inclus dans les cursus des filières professionnelles et des enseignements par alternance

À propos des stages inclus dans les cursus des filières professionnelles et des enseignements par alternance

( CAP, BEP, Bac Pro )

 

 

Un problème grave existe pour les élèves qui se dirigent vers ces voies. Eux-mêmes en sont ignorants au départ et, à ma connaissance, ce problème n'est mentionné nulle part, surtout pas lors de l'orientation vers ces filières, qui apparaissent souvent séduisantes à l'issue de la 3° ( BEP, Bac Pro ) ou des Terminales Technologiques. Il s'agit de l'obligation pour l'élève de trouver par lui-même son stage d'apprentissage ou son  stage obligatoire, parallèlement aux enseignements théoriques dispensés par l'établissement choisi. Cette recherche est présentée comme une activité personnelle probatoire, faute de laquelle ils ne pourront continuer leurs études.

 

Il ne se passe pas d'année qu'on ne me demande, ou qu'on nous demande à l'entraide scolaire, une aide pour cette recherche. Or je n'ai aucune relation dans le milieu artisanal ou commercial, et aucun moyen d'aider ces jeunes à obtenir le stage en entreprise recherché.

 

Voici quelques exemples, ces dernières années :

-         Arnaud, heureux d'avoir obtenu son BEP Commerce, s'est inscrit dans une école à Paris pour préparer son Bac Pro dans la même filière, mais il n'a pu continuer, après avoir passé plusieurs mois en vaine recherche d'un stage. Cela s'est passé en 99-2000 ; où en est-il maintenant ? Il est vrai que c'est un "black ", d'origine togolaise ; sa mère a essayé de le soutenir en intervenant auprès de l'école, mais en vain.  Il s'est complètement découragé.-

-         Candisse, gabonaise, a redoublé sa Terminale, essentiellement pour des raisons familiales que je connais, et a eu son Bac la deuxième année à Lyon, à 21 ans, en 2002. Elle s'est inscrite dans une école privée pour  préparer un BTS Immobilier. Mais elle devait trouver un stage en entreprise un jour par semaine et n'y est pas parvenu. Au deuxième trimestre, elle a abandonné ses études. Après d'autres recherches pas très faciles, elle s'est inscrite pour la rentrée prochaine dans une autre école, en vue de préparer par alternance un BTS Commerce ... et cherche à nouveau un stage.

-         Sidima, lui, d'origine sénégalaise, est un exemple heureux, mais à quel prix ? Il a réussi son Brevet de Collèges en 2001 et a été orienté vers un CAP-BEP Mécanique par alternance. J'ai essayé de l'aider à trouver un patron de stage, mais n'y ai pas réussi. Heureusement Thomas, autre accompagnateur de l'entraide scolaire, sortant de Supélec, et qui passait l'été en région parisienne, s'est acharné et a contacté une vingtaine d'adresses. Sidima a finalement été admis dans u n garage, où il donne satisfaction comme apprenti et est maintenant en 2°année, espérant avoir son diplôme à la fin de l'année, pour pouvoir se perfectionner.

 

J'ai parlé récemment avec sa patronne : il n'a été pris que parce qu'il était présenté par Thomas et que celui-ci a insisté, elle se serait plutôt méfiée d'un jeune " du Sud ", un apprenti coûte plus cher à un patron que les services qu'il rend, etc ...

 

-         Quant à Malika, en BTS Assistante de gestion au lycée des Ulis, ou à Lomeko, en Bac Pro dans un lycée de Palaiseau, elles ont frôlé le désespoir, avant d'être, l'une et l'autre, prise, pour leur stage d'un jour hebdomadaire, par des collectivités locales.

 

Pour les deux premiers cas cités, l'élimination par la recherche de stage est inadmissible. Peut-être est-ce le fait principalement d'écoles privées qui vivent, il faut le souligner, de la Taxe d'Apprentissage. C'est alors un scandale fiscal, puisque cette taxe est destinée à favoriser l'insertion des jeunes et qu'on aboutit à l'inverse pour des jeunes issus de l'immigration et dont les familles ne peuvent financer les études : c'est pourquoi justement l'enseignement par alternance leur paraît si attractif.

 

Il y a aussi certainement une responsabilité des Chambres de Commerce ( emplois du  tertiaire ) et des Chambres de métiers, qui informent mal leurs membres sur ce point et ne leur apportent ni soutien, ni formation pédagogique dans la poursuite des apprentissages.

 

Ce problème est méconnu par les instances de l'orientation et je l'ignorais quand j'étais moi-même professeur. Ainsi sont prises, dans l'ignorance de la réalité, des décisions en Conseils de classe.

 

Ces jeunes, qui ont cru trouver une voie de formation adaptée à eux, sont en fait victime d'un mensonge de la société, alors qu'on entend si souvent des discours au sujet de la voie professionnelle et de sa prétendue réhabilitation.

 

 

Bernadette Gaschignard

18 mai 2003


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