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ASSASSINAT OU MORT SUSPECTE

06/08/02

 

 

 

MORT SUSPECTE ET SILENCE ASSASSIN

 

 

 

Le 25 avril 2002 Belgacem Soltani condamnĂ© Ă  9 mois de dĂ©tention pour « outrage Ă  agent Â» est retrouvĂ© mort dans sa cellule de la Maison d’arrĂŞt de Tarbes. Il avait 19 ans.

 

L’Administration pénitentiaire a sobrement conclu à un suicide par pendaison. Pour sa famille et tous ceux qui le connaissaient, l’hypothèse d’un suicide paraît impossible. Sa forte personnalité, son état moral (v. ses lettres) ainsi que son temps de réclusion, malgré la dureté du régime qu’il subissait, ne peuvent expliquer un tel acte.

 

A moins qu’il faille précisément chercher du côté de cette forte personnalité les raisons de ce décès.

Belgacem Soltani avait en effet Ă  plusieurs reprises fait l’objet d’intimidations, de menaces et de violences de la part de certains surveillants : quand bien mĂŞme ceux-ci auraient eu besoin de recourir Ă  la force pour le maĂ®triser, RIEN,ne peut expliquer l’état de son cadavre. Ce serait, curieusement, Ă  la veille d’un examen mĂ©dical rĂ©clamĂ© par Belgacem Soltani consĂ©cutivement Ă  un « accrochage Â» avec ces gardiens qu’il a Ă©tĂ© retrouvĂ© mort.

 

Les quelques Ă©lĂ©ments d’enquĂŞte arrachĂ©s par la famille Soltani - qui a portĂ© plainte pour « homicide volontaire avec prĂ©mĂ©ditation Â» et « non-assistance Ă  personne en danger Â» - au procureur en charge de l’affaire, comportent Ă  tous le moins de bizarres incohĂ©rences, et font Ă©tat, au mieux, de nĂ©gligence criminelle ; au pire, elles attesteraient de pratiques barbares absolument intolĂ©rables et injustifiables dans un Etat prĂ©tendument de droit : la torture et l’assassinat.

 

Pour Belgacem Soltani il est trop tard, bien que sa mĂ©moire soit vivante pour sa famille et ses ami(e)s. Car le crime commis contre Belgacem Soltani est aussi le silence : celui d’associations de dĂ©fense des droits de l’Homme qui, alertĂ©es sur sa situation, n’ont pas eu le temps ou pas jugĂ© utile d’enquĂŞter et de dĂ©noncer l’acharnement dont il se disait victime ; celui de mĂ©decins qui refusent aujourd’hui de pratiquer une contre-autopsie ; enfin, le nĂ´tre, si nous ne nous mobilisons pas pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances prĂ©cises de ce dĂ©cès.

 

Sinon autant dire que la douleur d’une famille qui a perdu son enfant, que la mémoire d’un taulard, d’un jeune, d’un beur, et que la vérité surtout, n’ont aucune valeur aujourd’hui en France.

 

Le silence est une complicité qui tue une seconde fois.

 

 

 

Ban Public

www.prison.eu.org

 

 

 

 

 

Pièces annexes :

Témoignage de la famille Soltani et photos de Belgacem – Dossier Belgacem Soltani – Lettre de la Famille Soltani à Me Dana

 


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