pour imprimer le texte
Manifeste du 1er Mai

Chapo : le groupe « Contre la criminalisation des familles Â» s’est crĂ©Ă© en 2002 au sein de l’AITEC : Association Internationale des Techniciens, Experts et Chercheurs qui travaille en particulier sur les services publics (Justice, Education, SantĂ©, Social). L’objectif du groupe qui travaille plus particulièrement sur les politiques familiales est de proposer Ă  partir d’une analyse commune des rĂ©ponses alternatives sur le plan des politiques sociales, de l’intĂ©gration, de l’éducation, de la santĂ© et de la justice.

 

 

Manifeste du 1er Mai

 

 

Libérations encore…

 

 

 

Refusant de plier devant la peur de nos semblables, nous affirmons que, par les solidarités que nous mettons en œuvre chaque jour, nous assurons mieux qu’un Etat policier, la protection de ceux qui nous entourent. C’est en brisant le cercle de la solitude, du désespoir et de la violence, c’est par l’espérance d’un monde délivré de la peur et par la vigilance de nos luttes que nous assurerons le droit pour tous à un toit, à la santé, à un travail digne, seules protections réelles et garanties de libertés.

 

Militants du mouvement associatif ou syndical, travailleurs sociaux, magistrats, enseignants, infirmières, médecins, chercheurs, citoyens engagés, nous affirmons aujourd’hui notre volonté de mettre en échec l’offensive libérale et conservatrice. La guerre menée contre les plus pauvres et contre l’intelligence de tous n’a pas été gagnée. Ceux qui prétendent penser notre bien à notre place et troquer, contre une improbable sécurité, nos libertés solidaires se sont trompés. Refusant d’être gouverné par la peur, un mouvement convergent proclame, contre tous les défaitismes, la suprématie du principe espérance.

 

En privatisant le social, en livrant l’espace privé et parfois l’école, au pouvoir policier, en accusant les parents de carence, ou de pathologie, en brocardant la morale de citoyens rendus responsables de leurs conditions sociales, les politiques sociales européennes et nationales n’ont assuré ni sécurité, ni tranquillité. Marginalisant les plus démunis et finalement, la société entière, incarnant la défaite face au défi des libertés et de l’exigence de justice, instaurant par la pacification, sourde ou violente, des conflits sociaux, la paix des cimetières cette politique s’affronte aujourd’hui à un mouvement de convergence citoyenne pour un vivre libre, pour un vivre ensemble.

 

Substituant Ă  la solidaritĂ© sociale une solidaritĂ© familiale tout en accusant les populations dĂ©munies de carence parentale, l’ordre moral “ traditionaliste Â» veut redĂ©finir la place assignĂ©e aux parents et aux Ă©ducateurs dans le nouveau contrĂ´le social. Mais comment la solidaritĂ© entre gĂ©nĂ©rations ne serait-elle pas dĂ©pendante de la situation sociale de chacun, comment ne serait-elle pas pour les pauvres une solidaritĂ© matĂ©riellement pauvre ? Cette suspicion de carence Ă©ducative envers un nombre croissant de parents, sans nuance ni distinction autre que sociale s’est traduite par la crĂ©ation de nouveaux dĂ©lits : des jeunes rĂ©unis dans des halls d'immeubles faute de logement autonome, deviennent des dĂ©linquants ; le droit des enfants est bafouĂ© avec l'abaissement de l'age de jugement au pĂ©nal, le statut des mineurs Ă©trangers isolĂ©s est rĂ©visĂ©, la fonction du juge des enfants, garant de l’équilibre entre responsabilisation et protection est menacĂ©; enfin des procĂ©dures Ă  l’encontre des parents sont crĂ©Ă©es comme les stages de parentalitĂ© obligatoires lorsqu’un enfant a commis un dĂ©lit. Modifiant radicalement la conception prĂ©ventive de l’action sociale et Ă©ducative qui fonde le lien de confiance entre usagers et professionnels, les tentatives de contraindre -au nom d’une efficacitĂ© douteuse-- les travailleurs sociaux Ă  signaler au maire les familles et jeunes suivis sont une menace de plus contre les libertĂ©s.

L’attaque contre les services publics (Recherche, Education), la marchandisation de la culture et de l’art, la suppression des droits sociaux et des libertés, la précarisation des étudiants et la privatisation des universités, enfin, la remise en cause des droits de l’enfant sont une atteinte à notre histoire commune de conquête des libertés et des droits. C’est pourquoi nous affirmons que l’attaque contre les pauvres est aussi une guerre contre l’intelligence et les libertés de tous. Aucun pouvoir ni situation prétendument fatale n’a de droits de préemption sur les conquêtes sociales et pour les libertés , patrimoine de l’humanité et, de ce fait sont inaliénables

 

C’est en s’appuyant sur le socle commun de nos luttes et cet Ă©lan vital qui nous fait entrevoir combien la libertĂ© de l’autre nous est chère, combien elle est nĂ´tre, combien elle accroĂ®t notre libertĂ© que nous ferons Ă©merger une sociĂ©tĂ© qui n’est pas celle de la peur mais celle de l’espĂ©rance. Les libertĂ©s et la justice sociale sont encore Ă  conquĂ©rir : elles grandiront Ă  l'abri de nos pratiques solidaires enfin libĂ©rĂ©es.

 

Premiers signataires :

Organisations : Cedetim, Syndicat de la Magistrature, Association des MĂ©decins Urgentistes de France, UNEF, association « Pratiques Sociales Â» CTS (Collectif des Travailleurs Sociaux pour l'insertion des mineurs et jeunes majeurs Ă©trangers) et Syndicat SUD SantĂ©-Sociaux 57 (Moselle), DĂ©fense des Enfants International section française.

 

PersonnalitĂ©s : Bernard DrĂ©ano, prĂ©sident du CEDETIM, Gustave Massiah, prĂ©sident du CRID, Didier Minot, prĂ©sident de RECIT, Miguel Benasayag (philosophe), Laurent OTT (enseignant, philosophe, association INTERMEDES), Patrick Pelloux (HĂ´pital Saint Antoine), Serge Quadrupanni (Ă©crivain), Michel Chauvière, chercheur (CERSA, UniversitĂ©, Paris) et animateur des Etats GĂ©nĂ©raux du Social, Philippe Meirieu (chercheur), Jean Salamero, biologiste (Chercheur au CNRS, membre de « Sauvons la recherche), Ghazi Hidouci, prĂ©sident de l’AITEC, Evelyne Sire-Marin, ancienne prĂ©sidente du Syndicat de la Magistrature, animatrice de la fondation Copernic, Christelle Ansault (Ligue des Droits de l’Homme), Charles Segalen (Association Olga Spitzer), Alex Barret (intermittents du spectacle) (RĂ©seau d’Education citoyenne), Bernard Defrance, professeur de philosophie (secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de DEI-France).

 


pour imprimer le texte


Haut de la page


COPYRIGHT 2002-2021 Bernard Defrance - tous droits réservés