Ensemble de textes communiqués par
Benoist Magnat, sur la santé, la Sécurité sociale, la psychiatrie, etc.
Â
De quoi pas tomber
malade en Suisse
Environ
300 méthodes sont remboursées par des assurances-maladies toutes privées en
Suisse,
dont voici des
exemples : Acupressure. Aromathérapie. Bio-
dynamique. Brain Gym. Craniosacral.
Electro-acupuncture. Etiopathie.
Eutonie Gerda Alexander. Fascia-thérapie. Gestalt-thérapie.
Homéopathie (des non médecins
peuvent proposer des produits
homéopathiques). Intégration
posturale.
Kinésiologie. Laserthérapie.
Massages. Mésothérapie. Naturopathie.
Orthobionomy. Ozonothérapie.
Rebirth. Rééquilibration énergétique.
Réflexologie. Réintégration du
cerveau. Rolfing. Sophrologie.
Sympathicothérapie. Vitalogie.
Acupuncture. Audio-phono-psychologie.
Biorésonance. Chromatothérapie.
Cures anti-tabac. Equilibrage
Vertebro Statique.
Etiopsychologie. Fleurs de Bach. Hathayoga.
Hypnose. Iridologie. Magnétisme.
Massage Energétique. Morathérapie.
Musicothérapie. Ostéopathie.
Peinture thérapeutique. Reboutage.
Réflexochromie. Réflexologie.
Relaxation. Sangsues. Sympathologie.
Méthode Tomatis. Training
autogène. Vitalpraktik. Auriculothérapie.
Biothérapie. Chromothérapie.
Drainage lymphatique. Ethnomédecine.
Eurythmie. Inochithérapie.
Kneippthérapie. Reiki. Ventouses.
Magnétothérapie. Médecine
Ayurvedique. Feldenkrais. Moxa
Moxibustion. Myothérapie.
Oxygénothérapie. Reboutologie. Shiatsu.
Spagyrie. Toucher. Arts
martiaux, Sophrologie, Méditation, etc.
Si vous les
faites toutes en même temps…vous êtes mort, mais qu’est-ce que ça vous fait du
bien !!!
et tomber sur le cul en
France
Bonne
lecture
Benoist Magnat
NON Il n’y a pas de déficit de la Sécurité sociale !
Depuis des mois
s’est engagé un processus pour mettre en
œuvre une véritable contre-réforme de privatisation de l’Assurance maladie,
après celle des retraites.
Le prétexte avancé pour justifier ce gigantesque recul social, auprès de
l’opinion publique, serait le déficit “abyssalâ€
de la protection sociale.
Les chiffres les plus
farfelus sont avancés pour conditionner les assurés sociaux. Or, ce n’est pas
la réalité. Nous avons affaire à un véritable
mensonge d’État répété comme une litanie par les gouvernements successifs.
Ainsi, la Cour des comptes a récemment pointé le pillage des fonds collectés pour la Sécurité sociale
par l’État et non reversés, se détaillant de la façon suivante :
- 2,7 milliards
d’euros au titre des taxes sur l’alcool,
- 8 milliards au
titre du tabac,
- 3 milliards en
provenance des taxes sur l’automobile,
- 0,4 milliard de
la prévoyance d’entreprise,
auxquels s’ajoutent
2 milliards d’exonération au titre de l’emploi systématiquement non compensées.
Soit 16 milliards d’euros volés à la Sécurité sociale
!
Si les cotisations
des assurés sociaux n’étaient pas littéralement pillées et détournées de leur
destination d’origine, il n’y aurait pas ce déficit fabriqué de la Sécurité
sociale et la contre-réforme n’aurait plus aucune apparence de fondement.
Nos groupements
mutualistes décident donc de tout entreprendre pour rétablir la vérité pour sauver la Sécurité sociale de 1945 et
pour le retour à ses principes d’origine.
Nos mutuelles
refusent tout transfert de charge des régimes obligatoires d’assurance maladie
vers les “complémentaires†:
assurances privées, mutuelles, institutions de prévoyance.
Nos mutuelles
refusent toute conception marchande de la santé. L’action menée avec succès par
107 mutuelles contre le décret Jospin du 2 mai 2002, qui a aggravé
considérablement les conséquences financières des directives européennes et qui
a abouti à la disparition de 4 500 mutuelles sur 6 000, montre qu’il est
possible de résister et de défendre l’œuvre de nos aînés.
En effet, l’action
commune de nos 107 mutuelles a permis, qu’à terme, l’avenir des petites et
moyennes mutuelles soit préservé.
Il est devenu
indispensable que se réalise l’action commune
la plus large en vue d’une manifestation nationale de défense de la Sécurité
sociale pour stopper sa privatisation et sa destruction.
Christian Eyschen,
Mutuelle Générale des Employés et Cadres,
Bernard Paillot, Union Nationale
des Groupements Mutualistes Solidaires,
A.J. Biberian, Mutuelle Mutane
Provence de Marseille,
Maurice Geyler, Mutuelle du
Personnel de Matra-Hachette,
Claude Peyre, Mutuelle du
Personnel des Organismes Sociaux de Midi-Pyrénées.
Pour tout contact :
MGEC 51 rue Duhesme
- 75018 Paris. Tél 01 42 51 75 71 – Fax 01 42 51 75 72 Mail : mgec@wanadoo.fr
UNGMS 80, bd Georges Sand BP 294 - 36066
Châteauroux cedex Tél 02 54 34 77 51 – Fax 02 54 07 49 32
_________________________________________________________________________________________________
COURRIEL
D'INFORMATION ATTAC (n°463)
mercredi 7/04/04
Merci de faire circuler et de diffuser largement.
Dans ce numéro
APPEL A DES ETATS GÉNÉRAUX DE L'ASSURANCE-MALADIE LE 24 AVRIL 2004
POUR UNE REFONDATION SOLIDAIRE DU SYSTÈME d'assurance SANTÉ, refusons la casse
de la SÉCURITE SOCIALE
REFUSONS LA CONTRE-REFORME NÉO-LIBERALE
Après les retraites, le gouvernement a décidé de s'attaquer Ã
l'assurance-maladie. Que ce soit le déremboursement de nombreux médicaments
efficaces, l'augmentation du forfait hospitalier, la réforme de l'Aide médicale
d'État, la dégradation de l'hôpital public, la crise des urgences médicales, ou
la remise en cause de la prise en charge à 100 % des soins pré et post
opératoires, c'est l'égalité d'accès aux soins qui est attaquée. Mais le
gouvernement veut aller encore plus loin et a proclamé son intention de
transformer en profondeur l'assurance-maladie. Des débats parlementaires sont
d'ores et déjà annoncés pour le mois de juillet.
Il s'agit de baisser radicalement les dépenses prises en charge par
l'assurance-maladie obligatoire pour le plus grand profit des complémentaires,
aggravant ainsi considérablement les inégalités en matière d'accès aux soins.
Face à ce projet, qui s'apparente à une privatisation de notre système de
santé, il est urgent que les citoyens, les forces de progrès, les associations
de malades, les syndicats de salariés et de médecins, les mutuelles,
interviennent avant que la contre-réforme libérale ne soit ordonnée comme celle
des retraites. Il s'agit d'être en mesure de construire ensemble une véritable
réforme de l'assurance-maladie qui, avec une autre organisation du système de
santé et une amélioration du financement, permette de préserver un accès égal
aux soins et de réduire les inégalités sociales et géographique en matière de
santé. Il s'agit de préparer les conditions d'une mobilisation de la société
pour empêcher une nouvelle régression sociale.
États généraux de l'assurance-maladie
24 avril 2004 de 9 h 00 Ã 18 h 00
au 6, rue Albert Lapparent, 75007 Paris (M° Ségur)
Renseignements et inscriptions : Secrétariat de la commission santé-sécurité
sociale d'Attac, Tél.: 06-08-10-44-52 ou par courriel : secsante@attac.org
1.-
L'asphyxie programmée de la psychiatrie publique
(par Bernard ODIER, Psychiatre (Paris) et Jean-Pierre ESCAFFRE, CNRS (Rennes))
La pensée unique pose la question de la santé sous l'unique angle du problème
du financement des soins. L'augmentation des dépenses de santé serait "
expliquée " par le vieillissement de la population, et par la
sophistication croissante des traitements qui deviendraient de plus en plus coûteux.
Pourtant, l'efficacité plus grande des diagnostics et des thérapies génère des
économies, et l'espérance de vie sans incapacité augmente (INSERM). Il faut
donc chercher ailleurs les causes de l'augmentation des dépenses de santé, et
se dégager de la délimitation médiatique de la santé.
______________________________________________________________________________________
1.- L'asphyxie programmée de la psychiatrie publique
A. Coûts Collatéraux OU DÉPENSES DE SANTÉ ?
La pensée unique pose la question de la santé sous l'unique angle du problème
du financement des soins. L'augmentation des dépenses de santé serait "
expliquée " par le vieillissement de la population, et par la
sophistication croissante des traitements qui deviendraient de plus en plus
coûteux. Pourtant, l'efficacité plus grande des diagnostics et des thérapies
génère des économies, et l'espérance de vie sans incapacité augmente (INSERM).
Il faut donc chercher ailleurs les causes de l'augmentation des dépenses de
santé, et se dégager de la délimitation médiatique de la santé.
Toutes les études montrent que le besoin de recourir à l'hospitalisation,
quelle qu'en soit la forme (somatique, psychiatrique, hébergement médicalisé),
est augmenté de façon massive par les caractéristiques du milieu du malade
analysé en termes de réseau social et de capacité de soutien social (CREDES).
En psychiatrie, à gravité de dépression égale, la décision d'hospitaliser ou
non un malade sera fortement influencée par les caractéristiques de son entourage
et/ou son degré d'isolement. Les dépenses d'hospitalisation apparaissent alors
pour une large part comme des effets collatéraux de la dilacération du tissu
social. Celle-ci peut-être mesurée: distance entre les membres d'une
famille, pourcentage de personnes vivant seules, temps de transport entre le
domicile et le travail. Plus le temps de transport domicile-travail augmente,
moins les gens se rendent visite, moins les liens de voisinage se renforcent de
solidarités de travail. Ce relâchement des liens sociaux altère les solidarités
entre voisins, entre collègues, et au sein d'une famille. La capacité de
soutien du réseau social diminue, le besoin de recourir à une prise en charge
collective en cas de dépendance augmente. Le domaine de la santé se situe à cheval
sur la sphère des échanges non monétarisés (vie de famille et réseau de
soutien) et sur celle des échanges monétarisés (soins délivrés par des
professionnels). Le chevauchement de ces deux sphères dans le domaine de la
santé conduit à des phénomènes complexes de substitution/complémentarité.
Certaines interrogations récentes au moment de la canicule sur les
responsabilités respectives du système de soins , des services sociaux, et des
familles dans les risques courus par les personnes âgées illustrent bien cette
réalité. La situation des personnes souffrant de troubles mentaux ( qui chez
les moins de soixante cinq ans forment le groupe le plus nombreux de victimes
de la canicule) peut en être rapprochée. Nous verrons plus loin que la
psychiatrie de secteur a cherché à tirer le meilleur parti de cette complexité
en solidarisant les équipes hospitalières avec les équipes de soins
ambulatoires implantées localement, mieux à même de contribuer à mobiliser et Ã
soutenir les proches et " aidants " des patients.
La mobilité sociale (au sens de la mobilité géographique et professionnelle)
exigée par la rentabilité des placements financiers (concentrations et
délocalisations) s'accompagne donc nécessairement d'une croissance structurale
des dépenses de santé. Les décisions politiques visant uniquement leur
maîtrise, quand elles " réussissent ", sont lourdes d'une aggravation
de la charge pesant sur les familles et les proches et peuvent créer des
tensions sociales d'autant plus douloureuses qu'elles sont souvent muettes. Le
relâchement des solidarités n'est pas seulement un effet mécanique de la
mobilité sociale. Lucien Bonnafé (Le miroir ensorcelé, Syllepse) parlait de
"pressions isolantes" pour décrire tous les facteurs qui détournaient
de solutions impliquant un collectif, qu'il s'agisse de familles, de groupes
sociaux, ou de collectivités. Se détourner de la dimension collective enferme
dans la recherche de solutions individuelles à des problèmes qui ne le sont
pas. L'évolution de la famille (réduction de sa taille, moins de générations
sous le même toit), celle des carrières professionnelles (fragmentées, éclatées
géographiquement), la crise larvée du logement ( qui limite le choix et "
oblige à s'éloigner ") cumulent leurs effets isolants.
De nombreux penseurs ont proposé de relier crise sociale, malaise dans la
civilisation, et évolution de la demande "psy". Un auteur comme
Jean-Pierre Lebrun (Un monde sans limite, Eres) rapproche par exemple chômage
et acculturation, déclin de la position paternelle, effacement des
responsabilités, effondrement de la hiérarchie des valeurs, et perte du sens
des limites à la génération suivante.
B. LA PSYCHIATRIE SAISIE DES SOUFFRANCES DE NOTRE TEMPS
Alors que son avenir est bouché par l'arrêt de la formation d'infirmiers en psychiatrie
et la diminution programmée du nombre de psychiatres, la psychiatrie voit
augmenter nettement le nombre de personnes s'adressant à elle.
Ce ne sont plus les patients d'il y a vingt ans, souffrant de troubles mentaux
caractérisés, souvent hospitalisés. Beaucoup de ceux-ci, à la faveur d'un
traitement ambulatoire ou à temps partiel ont été "réinsérés". La
plupart n'est plus traitée aussi activement. Les institutions médico-sociales,
les maisons de retraite, les prisons, en accueillent aussi un certain nombre,
sous neuroleptiques.
Les " nouvelles demandes " adressées à la psychiatrie déroutent un
peu les psychiatres. Que dire à cette jeune femme dont le chagrin d'amour
résiste à trois mois d'antidépresseurs prescrits rapidement par son généraliste
?
Qu'attendre des traitements individuels de ces trois quinquagénaires qui
consultent à quelques mois d'intervalle, et dont des recoupements largement dus
au hasard apprennent qu'ils font tous les trois partie de la prochaine
charrette de pré-retraités que prépare le nouveau et tout fringant directeur du
personnel de l'hôpital du coin ? Que proposer à cette dame digne épouse d' un
algérien bon père de famille dont elle vient d'apprendre qu'il était par
ailleurs marié "au pays" ? Comment atténuer la souffrance de cette
jeune grand-mère qui se plaint que sa fille "ne veut plus que son
petit-fils vienne goûter chez elle en sortant de l'école"?
Dans le registre de l'enfant et de l'adolescent, Miguel Benasayag (Les passions
tristes, La découverte) décrit une demande hypernormative de familles
demandeuses d'enfants "armés pour l'existence" et Charles Melman
exprime ses craintes pour les " enfants sans défaut " à force
d'orthodontie et de chirurgie esthétique : il redoute que ces sujets ne partagent
pas le même attachement que leurs parents à la perfection de leurs formes, et
qu'ils ne tardent pas à les compromettre.
Bien sûr, la médecine a toujours accepté de renforcer les défenses d'un
individu en difficulté, mais quelque chose du malheur est adressé aujourd'hui Ã
la psychiatrie sur un mode généralisé et automatique. On peut craindre que la
prise de conscience du caractère collectif d'une souffrance et sa mise en forme
politique en soient affaiblies. Malheureusement, les psychiatres universitaires
encouragent la généralisation de la prescription par les généralistes
d'antidépresseurs, d'anxiolytiques, et de somnifères.
L'ensemble traduit la tendance " post-moderne " Ã se tourner vers la
recherche de solutions palliatives individuelles au détriment du développement
d'une conscience et d'une mobilisation collective. Mais comment passer de la
crise d'identité d'une secrétaire de direction qui a " tout misé sur le
travail " et une fois sur la touche se plaint de dépression, à la crise
d'identité des couches moyennes? Celles-ci sont concernées à un triple titre.
Elles ont vu leur situation socio-économique se dégrader tendanciellement,
elles forment le gros des personnels de santé, et elles ont culturellement
accès aux soins "psy". L'ensemble constitue la toile de fond des débats
récents sur la légitimation des psychothérapies.
C. LE DÉVELOPPEMENT D'UN SYSTÈME NATIONAL DE SANTÉ : LA PSYCHIATRIE DE SECTEUR
C'est dans le contexte économique et social de la constitution des couches
moyennes (les " trente glorieuses ") qu'a pu se développer en France,
de 1958 Ã 1983 la psychiatrie publique de secteur. Ses premiers promoteurs
furent des résistants. Elle allait contribuer à la transformation des
grands hôpitaux psychiatriques dont la formule paraissait condamnée depuis la
seconde guerre mondiale au cours de laquelle plusieurs de ces établissements
n'avaient pas su protéger de la famine les malades hospitalisés. Des secteurs,
soit socio-professionnels (pour les enseignants, les étudiants et les paysans),
soit géo-démographiques (c'est la formule qui allait se généraliser) se
mettaient en place, organisant des filières de soins spécialisées, articulant
des institutions diverses dont l'hôpital ne devenait qu'un des maillons.
Au départ, une équipe unique, sous l'autorité d'un psychiatre " chef
de secteur ", anime au minimum un service d'hospitalisation et un "
dispensaire d'hygiène mentale ", le tout desservant une population
d'environ 70.000 habitants. S'y ajoutent des institutions de traitement à temps
partiel, des " structures intermédiaires ", et des " Clubs
sociothérapiques " qui accueillent les malades comme membres et prolongent
leur action dans la cité. Les médecins disposent alors d'une liberté relative
dans le choix d'engager leurs équipes sur " l'intra-hospitalier " ou
sur " l'extra-hospitalier ". Salariés, ils sont à l'abri des
tendances inflationnistes du paiement à l'acte. La gratuité contribue à lever
la réticence initiale souvent forte des malades à " se soigner ". Une
activité soignante se déploie en direction du milieu, qu'il soit familial
(utilisant les progrès des thérapies familiales et systémiques) ou social
(recherchant la " réhabilitation " des malades).
D. UNE EXPÉRIENCE COMPROMISE
Le programme français de psychiatrie publique était avant-gardiste et
ambitieux. Il était aussi plus coûteux que la plupart des autres programmes
européens. L'intégration européenne s'est traduite par une terrible régression
vers la moyenne (le fameux " lissage " des technocrates) : division
par dix du nombre de psychiatres formés depuis 1986, suppression de la
formation d'infirmiers en psychiatrie en 1992 (au titre de l'homogénéisation
des diplômes !) et tarissement consécutif du recrutement. L'équivalent d'un
désastre écologique à brève échéance est prévisible. En réalité l'intégration européenne
n'a jusque-là fait ni plus ni moins que relayer les préconisations de la Banque
Mondiale en matière de système de soins pour les pauvres: des prestations a
minima. Ceci se traduit très concrètement en psychiatrie : accélération des
consultations (moins d'un quart d'heure), espacement des rendez-vous (deux
mois), apparition de liste d'attente (Ã deux-trois mois pour les premiers
rendez-vous), resserrement de l'acte autour de l'ordonnance, impossibilité de
connaître l'histoire des malades. C'est aussi tout miser sur les urgences
plutôt que sur les traitements à long terme qui pourtant raréfient le recours
aux urgences.
Dans le domaine de l'hospitalisation, c'est le système de la "
porte-tambour " des grands hôtels où il faut pousser quelqu'un dehors pour
pouvoir en admettre un autre. Le malade devient une " patate chaude
", et le personnel finit par passer autant de temps à essayer de le "
caser " qu'à le soigner. Une véritable caricature d'efficacité se met en
place : la " fast-psychiatrie ". Une autre dérive est la création
d'une psychiatrie au rabais sous la forme d'institutions médico-sociales où la
faible qualification et la faiblesse des effectifs du personnel créent
mécaniquement des situations scabreuses. Il faut savoir en effet distinguer la
réponse aux besoins (l'assistance), le soulagement de la souffrance (les soins)
et la recherche d'un gain en autonomie (la stratégie thérapeutique).
A son tour gagnée par l'idéologie libérale, l'OMS condamne aujourd'hui les
psychiatries à base territoriale, et en guise d'accès aux soins préconise tout
bonnement la prise en charge des troubles mentaux par les généralistes, alors
que ceux-ci déclarent souvent manquer de ressources et de soutien dans le
domaine " psy ".
Les menaces pesant sur la psychiatrie sont aussi anthropologiques. La "
psy " suscite la curiosité, mais la psychiatrie n'est pas populaire. Elle
n'est jamais l'objet de promesses électorales. Elle pâtit de l'ambivalence
voire de la peur que suscite la folie. L'évolution contemporaine des mentalités
sur ce point est positive, mais touche inégalement la population. Seules de
rares institutions psychiatriques (comme dernièrement le Centre d'Accueil et de
Crise " La Roquette ", site: caclaroquette.com) ont mobilisé un
soutien populaire. A l'inverse, certains professionnels ont cru de façon
démagogique pouvoir surfer sur la condamnation profane de l'hospitalisation
psychiatrique pour mieux faire valoir des positions techniques de type
"désinstitutionnalisation". Quand la décision politique a été de réduire
rapidement le volume de l'hospitalisation psychiatrique, elle a trouvé chez eux
des alliés objectifs.
Le
crime parfait de la déshospitalisation sauvage
Les effets du rationnement de l'hospitalisation psychiatrique (de 150.000 lits
à 50.000 lits en vingt ans) et de l'offre de soins psychiatriques (y compris
dans le secteur libéral) sont capillaires, silencieux, font peu de vagues. La
politique d'abandon actuel se traduit par une "casse" presque
invisible, les dégâts s'accumulant dans ce qu'Emmanuel Todd appelle les
"angles morts" de la société ( le chômage de longue durée, la
solitude, la rue, la prison, voire le cimetière). Et le crime violent et
immotivé quand il survient n'est pas mis spontanément en rapport avec une
carence de l'offre de soins psychiatriques, sauf lorsque la victime a une
certaine surface politique. Surgit alors la figure oubliée du régicide dans sa
protestation désespérée. Et le gouvernement de reprendre de la main droite (la
régalienne, l'autoritaire, la sécuritaire) une partie de ce qu'il a lâché de la
main gauche (la sociale, l'économique), comme aurait dit Pierre Bourdieu. Des
" crédits fléchés " financeront les soins aux "malades
dangereux" et autres " délinquants sexuels " tandis que la
pénurie se généralise.
Rien
de commun entre le coût de la psychiatrie au sens des dépenses de santé, et ce
que coûteront, à tous les sens du terme, les carences grandissantes de la
psychiatrie si la tendance actuelle se confirme. Aux États-Unis, où la
déshospitalisation a été massive dans les années soixante-dix sans que se
développent pour autant les soins ambulatoires, les psychiatres ont décrit dans
l'après-coup une " transinstitutionnalisation ". Le nombre de places
dans les prisons et les maisons de retraite a dû beaucoup augmenter, et l'on y
trouve beaucoup de malades mentaux sous neuroleptiques. La situation d'abandon
des malades mentaux à la rue (les " homeless ") est également
dénoncée (NIMH).
E. UN MODELE DE POLITIQUE DE SANTÉ
La psychiatrie de secteur est un modèle intéressant de réponse intégrée aux
demandes qui lui sont adressées. Elle est une palette de réponses graduées et
différenciées. Elle est un réseau ville-hôpital. Elle subvertit le clivage
hôpital / ambulatoire. Elle donne aux malades une place qui subvertit le modèle
médical en leur offrant souvent une possibilité de participation à des
associations. Elle se renforce d'une intégration des partenaires sociaux, des
élus, etc à travers les Conseils de santé mentale qui peuvent être
départementaux ou de secteur. Elle est par nature très attentive à sa clientèle
et à son évolution : elle peut faire évoluer de façon stratégique son mode
d'engagement de moyens sous réserve que les soignants aient conservé une
liberté de manoeuvre suffisante.
Le secteur peut servir de modèle organisationnel pour l'ensemble de la
médecine, à commencer par les spécialités qui impliquent une mobilisation
conjointe durable des soignants, des partenaires sociaux et des proches. Dans
les faits, quelques cardiologues et services de cardiologie s'y essayent avec
succès. La gérontologie et la pédiatrie paraissent aussi à même de
bénéficier d'une meilleure intégration des moyens mobilisés. La meilleure
relance de la psychiatrie de secteur, ce serait sa généralisation.
************************************
L'expertise
des risques et l'évaluation de l'impact de l'activité industrielle sur
l'environnement et la santé sont des secteurs en mutation rapide et croissante.
L'INERIS mène des programmes de recherche qui assurent une expertise à la
pointe du savoir-faire scientifique et qui tiennent compte des travaux conduits
au sein de la Communauté scientifique nationale, européenne et internationale.
L'INERIS consacre une
part croissante de sa recherche aux risques chroniques, par le biais de
l'écotoxicologie et de la toxicologie, et notamment à l'étude de l'impact des
substances toxiques à faibles doses sur les écosystèmes et la santé humaine.
Les différents thèmes de recherche étudiés ont pour but d'évaluer les risques
et leurs impacts à chacune des phases de l'activité industrielle (sécurité lors
de la mise en service d'une installation industrielle, détection et
qualification des phénomènes sources de danger tels que l'incendie ou
l'explosion en cours de process, les rejets accidentels ou les risques liés aux
produits).
L'Institut coopère activement avec d'autres organismes disposant de compétences
complémentaires. Il participe et parfois anime des réseaux de collaboration
scientifique qui lui permettent d'intégrer les progrès des connaissances
nouvelles dans l'élaboration de moyens de prévention et de protection optimaux.
Les recherches de l'Institut sont financées par le budget civil de la recherche
et du développement technologique (BCRD), et pour certaines par l'Union
Européenne. L'INERIS conduit également des programmes de recherche en
partenariat avec le monde industriel.
Pour
consulter les rapports d'études de L'INERIS
Un certain nombre de
rapports d'études de l'institut sont régulièrement mis en ligne. Ils sont
téléchargeables en pdf et classés
par Direction :
Rapports de la
Direction des Risques Accidentels
Rapports de la Direction des Risques Chroniques
Fiches de données toxicologiques et environnementales des
substances chimiques :
Méthodologie de renseignement des fiches
Liste des fiches disponibles
Rapports de la
Direction de la Certification
Et
aussi :
Rapports INERIS (rapport annuel et rapport annuel et scientifique)
Conseil
scientifique
Appel
à proposition de recherche "Programme national de recherche en
écotoxicologie"
Appel
à propositions de recherche "L'évaluation et la perception de l'exposition
à la pollution atmosphérique : une interrogation sociétale"
Date limite d'envoi des lettres d'intention pour le 30 avril 2004.
Appel contre la privatisation de l’assurance maladie
Pour une réforme alternative du système de santé
mercredi 7 avril 2004
http://www.fondation-copernic.org/appel/article.php3?id_article=2
Les mois qui viennent risquent d’être décisifs pour l’avenir de
l’assurance-maladie. Le gouvernement, toujours dans la logique des propositions
du Medef, s’apprête à dévoiler son plan de réforme. Au nom d’une augmentation
des dépenses de santé, présentées comme “ incontrôlables â€, il avance trois
objectifs : -1) réduire les dépenses publiques de santé -2) élargir le rôle de
complémentaires de santé dominées par une logique assurancielle au détriment de
la logique de solidarité de la sécurité sociale –3) mettre en concurrence
l’assurance-maladie avec les mutuelles et les assurances privées. En réalité,
le déficit de l’assurance-maladie trouve sa cause d’abord dans
l’insuffisance des recettes due notamment au chômage et aux pressions sur les
salaires. Il sert de prétexte pour promouvoir la privatisation du système de
santé et de protection sociale.
Nous nous dirigeons ainsi vers la définition d’un “ périmètre des soins
remboursables â€, en d’autres termes un “ panier de soins †qui renforcera la
limitation de la couverture maladie de base. Cette
proposition, ouvrira la porte de la privatisation et institutionnalisera un
système de santé à plusieurs vitesses. De larges pans de l’assurance-maladie
seront jetés en pâture aux assurances. Celles-ci couvrent le risque
en fonction de la cotisation payée. A l’inverse, la logique de la sécurité
sociale vise à ce que chacun cotise en fonction de ses revenus et reçoive en
fonction de ses besoins, avec un niveau de protection égal pour tous.
Le plan hôpital 2007 poussera à la privatisation de pans entiers de l’hôpital
public et à l’adoption des critères de gestion du privé, comme le soulignent
les syndicats de médecins et d’hospitaliers. La “ tarification à l’activité â€
favorisera les établissements hospitaliers privés à travers un financement
public. On ira vers une sélection des malades. Les déremboursements de
médicaments n’affecteront que les usagers ; les “ génériques †ne
permettront que de rares économies, alors que la liberté des prix pour les
médicaments qualifiés “ d’innovants †vise à augmenter encore les
profits de l’industrie pharmaceutique. De plus, la remise en cause de l’Aide
Médicale d’Etat et l’accès à la CMU rendu plus difficile aggravent la situation
des plus démunis
Les menaces de privatisation n’ont nullement été dissipées par le rapport du
Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. L’analyse des véritables
causes de la crise d’efficacité du système de santé reste à faire. Répondre aux
nouveaux besoins de santé nécessite de les évaluer au plus près, pour prendre
en compte le vieillissement, pour s’attaquer aux inégalités de santé, garantir
l’accès de tous aux progrès médicaux et promouvoir la santé publique.
Une véritable réforme doit se fixer comme
priorité de lutter, dans le cadre d’une promotion d’ensemble, contre les
inégalités d’accès aux soins notamment par le relèvement des taux de
remboursement de la couverture de base pour aller vers la prise en charge
complète des soins.
Cela oblige à poser avec force la question du
financement. La question du financement mérite un vrai débat. Il est
à l’heure actuelle interdit.
Le principe de la cotisation sociale assise sur les salaires assure le lien
avec l’entreprise, lieu où se créent les richesses. Sur cette base, des pistes
alternatives devraient permettre d’accroître de manière durable les rentrées de
cotisations avec la croissance réelle de l’économie. Relever la part des
salaires dans le partage de la valeur ajoutée qui a baissé de plus de 10 points
en 20 ans, augmenterait les ressources de la sécurité sociale. Face Ã
l’urgence, il faut un relèvement immédiat du taux des cotisations patronales.
Pour régler sur le long terme le problème du financement, il faut pouvoir
s’appuyer sur le développement de l’emploi, de la formation et des salaires.
Pour aller dans ce sens, est soumise au débat une piste : l’idée d’une
modulation des taux de cotisations patronales, avec l’objectif que la
contribution de toutes les entreprises augmente. Celles qui licencient et
compriment les salaires se verraient appliquer un taux de cotisation élevé,
alors que celles qui développent l’emploi, les salaires et la formation se verraient
appliquer un taux de cotisation plus bas, mais sur une masse salariale élargie.
Cette réforme structurelle aurait un effet progressif. Dans l’immédiat nous
proposons que les revenus financiers des entreprises et des institutions
financières (165 milliards d’euros en 2002) soient mis à contribution au même
niveau que les salaires. Leur appliquer le taux de cotisation patronale Ã
l’assurance maladie apporterait plus de 20 milliards d’euros par an au régime
général. D’autres mesures sont applicables immédiatement, comme créer un fonds
de garantie pour les dettes patronales et soumettre à cotisation l’épargne
salariale. Le financement public de la santé, hôpital, enseignement, recherche,
doit aussi être étendu et relevé, alors que ces dépenses reposent actuellement
pour l’essentiel sur l’assurance maladie.
Le financement du système de santé par la CSG est particulièrement inéquitable,
puisque prés de 90% des recettes proviennent des revenus du travail et qu’elle
taxe de manière très insuffisante les revenus du capital. . Les exonérations de
cotisations patronales dites sur les “ bas salaires †atteignent désormais près
de 20 milliards d’euros, dont une part n’est pas compensée. Cette subvention
aux entreprises ne crée pas d’emplois, tire l’ensemble des salaires vers le bas
et réduit les ressources de la Sécurité sociale.
Ces problèmes se posent dans un contexte marqué par le carcan du pacte de
stabilité européen et de la Banque centrale européenne, ainsi que par la menace
que fait peser l’Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS) ?qui
veut marchandiser la santé.
Une réforme de progrès du système de soins
est indispensable. Afin d’assurer une prise en charge globale du
malade, la médecine en réseau permet une meilleure coordination des professionnels
de santé. Il conviendrait notamment de développer les réseaux ville-hôpital. Le
système de santé doit être réorienté vers la prévention et s’attaquer
réellement aux inégalités sociales face à la maladie. Pour restaurer
l’efficacité de l’hôpital public en termes de qualité des soins et de
proximité, un plan d’urgence est nécessaire pour le développement de l’emploi
et la formation des personnels. Il faut sortir du numerus clausus pour toutes les professions de santé et
résorber les disparités régionales en matière de démographie médicale. Pour que
l’assurance maladie cesse d’être la “ vache à lait †de l’industrie
pharmaceutique, et que celle ci soit mise au service des malades partout dans
le monde, nous posons la question d’une forme de contrôle public et social de
cette industrie qui permette une véritable politique du médicament.
Il faut rétablir l’élection des conseils
d’administration de la sécurité sociale par les assurés sociaux. Une
démocratie sociale dans le système de santé appelle aussi, avec des pouvoirs
nouveaux d’intervention de tous les personnels et usagers, mais aussi dans
toutes les entreprises, une démocratie sanitaire apte à exprimer les besoins de
santé des populations, avec la reconnaissance du rôle des associations de
malades et des malades eux-mêmes.
Nous refusons que les principes de solidarité du système de santé soient bradés
au bénéfice des assureurs complémentaires, des assurances privées comme des
capitaux privés qui comptent s’investir dans l’offre de soins.
Ne pas laisser faire la contre-réforme qui
s’organise,
Refuser l’insécurité sociale,
C’est faire des propositions alternatives
audacieuses.
Il est urgent que les forces de progrès, les
syndicats de salariés, les acteurs du système de santé et les usagers
interviennent. Il s’agit d’empêcher que la contre-réforme libérale du système
de santé ne soit imposée, comme celle des retraites, par une majorité
parlementaire se prononçant contre les aspirations majoritaires de la
population.
Pour signer cet appel : http://www.fondation-copernic.org
Bonjour,
Ce texte est à mon avis très classique et peu pertinent du point de vue
des perspectives ....et il me semble que les Verts ont dit des choses autrement
plus novatrices et plus mobilisatrices sur le sujet ! :
-On ne peut qu'être daccord bien évidement sur l'objectif de lutter contre
laprivatisation, mais cette analyse politique de la situation est
aujourd'hui décalée ; cela correspond plus à l'analyse que l'on pouvait
faire avant les régionales, quand on pouvait prévoir un passage en force ,via
les ordonnances en juillet ,d'un projet libéral dessiné dans le rapport
Chadelat notamment. Depuis la situation politique a changé.Le passage par
ordonnances n'est plus d'actualité. La privatisation n'est pour l'instant plus
d'actualité non plus . On s'oriente plus vers un deal du gouvernement avec le
courant social libéral sur la base du rapport du Haut Comité sur l'Avenir de
l'Assurance Maladie (Voir dans le Monde de ce soir , les déclarations de Douste
Blazy souhaitant confier aux mutualistes et aux partenaires sociaux la gestion
de l'assurance maladie et celles de JP Davant, le patron de la Mutualité
Française, sur la grande satisfaction de la Mutualité devant les projets du gouvernement).
C'était déjà le regroupement qui s'était fait sur le plan Juppé. Le ciment
commun à ces courants est que le pilotage du système doit se faire par des
objectifs comptables, sur la base de l'analyse que les dépenses de santé
viennent d'une offre trop importante et par le dévelopement de la qualité (ce
dernier argument est à prendre en considération, car personne ne peut être
favorable à la non qualité. La question est de quelle qualité parle-t-on ? ) .
Cette analyse ne prend pas en compte du tout l'évolution des problèmes de
santé.Elle raisonne en termes de soins et pas de santé.Une dizaine de ligne
dans le rapport Fragonard sur la prévention sur 25 pages de synthèse. Alors que
l'enjeu est ustement là .....
- c'est le même reproche que l'on peut faire au texte de Copernic : c'est une
analyse uniquement économiste des problèmes de santé....Il fait totalement
l'impasse sur le caractère structurel de la crise du système de santé, qui
vient de la crise du modèle biomédical.Cette crise est en quelque sorte niée;
il n'y aurait pas de crise, car le problème de financement est lié au chômage,
aux dettes de l'Etat... et à la baisse du poids des salaires dans le partage de
la richesse. Toutes choses vaies, aujourd'hui, mais aussi hier....Cette analyse
fait l'impasse sur la nature des problèmes de santé aujourd'hui. Les
pathologies dominantes aujourd'hui sont les pathologies chroniques , c'est e
qu'on apelle la transition épidémiologique. Le récent rapport préparatoire du
Plan National Santé Environnement pour la première fois parle d'épidémie de
cancer, d'allergie (liés aux pollutions diverses, comme la multiplication par
400 du volume de substances chimiques dont 3% ont été évaluées,
d'oùl'importance de la directive européene REACH....). On peut aussi parler de
l'augmentation du diabète (lié à la malbouffe), des pathologies mentales
(lié au stress, la précarité, le harcèlement...), des maladies neuro
dégératives type Alzheimer.
Pour une part, il y a un effet lié au vieillissement, mais cela n'explique pas
tout (seulement des 25 % sur les 63 % d'augmentation des cancers en 20 ans).
Ces pathologies ont une composante environnementale forte (2 cancers sur 3 par
ex), environnement physique et social.La croissance des ALD (Affections de
Longue Durée) explique une bonne partie de la croissance des dépenses de santé.
Le modèle biomédical est impuissant à faire face à cette progression (pas de
progrès thérapeutique majeur en matière de cancer depuis 30 anspar ex )...il
faut donc changer de stratégie et agir sur les facteurs de risque des maladies
, c'est l'enjeu d'une véritable politique de santé environnementale, ce que
l'on peut appeler une 2ème Révolution de Santé Publique, en référence à la 1ère
qui au début du siècle dernier a fait reculer les grandes pathologies
infectieuses par le développement de l'hygiène c'est à dire déjà une action sur
l'environnement (adduction d'eau, égouts, habitat), bien avant la découverte
des antibiotiques. Les 100 000 morts de l'amiante sont un exemple illustratif
de l'impasse du modèle biomédical.
Cette question est totalement absente du texte de Copernic, si ce n'est une
courte référence aux inégalités de santé, qui ne peuvent se résumer au problème
de l'inégalité d'accès aux soins.Les inégalités sociales et géographiques ne peuvent
pas se résorber par la seule amélioration du système de soins.
Le texte fait l'impasse aussi sur la caractèristique du système de soins
aujourd'hui ,après 40 ans d'hospitalocentrisme. On en a eu une illustration
avec la canicule: le système de santé de proximité est à reconstruire, la
caricature étant l'hypertrophie des urgences pour faire face à une demande qui
devrait trouver une réponse au plus près.Tout cela a aussi un coût. Une autre
organisation du système de santé à travers les réseaux de santé, les maisons
médicales peut apporter une meilleure offre de soins car plus proche , peut
être moins technique , mais pas moins efficace et à un cout moindre. Les 15 000
victimes de la canicule sont morts faute d'une réponse de proximité. Le
développement des médecines non conventionnelles généralement moins coûteuses
et plus à l'écoute des individus est aussi une partie de la réponse en termes
d'évolution de l'offrre de soin.
L'explosion de coûts générés par l'industrie biomédicale n'est pas assez mise
en cause, alors que ,comme le démontre excellement Philippe Pignarre,
l'industrie pharmaceutique est devenue l'industrie la plus rentable sur la base
de la rente de situation que lui a créé le système actuel. On a tout intérêt au
plan sanitaire et économique que les Français n'ait plus une consommation
médicamenteuse aussi démentielle (3 fois celle des Hollandais).Cette industrie
s'est construite sur le système mis en place en 1945 lequel n'a jamais pris de
mesures sérieuses pour aller à son encontre . L'information indépedante est
venue de la reve Prescrire pas de la CNAM....
Sur la démocratie sanitaire, le texte se démarque du retour au paritarisme , en
reconnaissant une place au mouvement associatif.
Sur le mode de financement, l'attachement au système de cotisations
salariales apparaît plus comme un justificatif du maintien de la gestion
par les partenaires sociaux . Nous avons proposé un financement sur la
base du principe pollueur-payeur, qui a le mérite de lier financement et objectifs
de santé. Nous avons proposé aussi l'extension et la progressivité de la CSG ,
qui a le mérite d'élargir le financement à l'ensemble des revenus. C'est quand
même plus juste qu'un système de cotisations sociales plafonnées.
Le texte Copernic est finalement très défensif et laisse de fait la droite se
poser en sauveur du système. Il faut tirer les leçons de la bataille sur les
retraites. On gagne une bataile si on oppose un projet alternatif.
Nous avons en tant que Verts à montrer qu'une autre réforme est possible, une
autre réforme que la privatisation,mais aussi une autre réforme que le pilotage
par les objectifs comptabes, c'est à dire une vraie politique de santé, basée
sur une offre de soins rééquilibrée entre hôpital et santé de proximité, une
vraie politique de santé environnementale, un financement par l'ensemble des
revenus, une vraie démocratie sanitaire, c'est à dire des Conseils Régionaux de
Santé élus par l'ensemble des assurés , (ainsi que les Comités locaux),
un pilotage du système par les objectifs de santé, c'est à dire un système qui
n'a jamais été mis en place, mais la crise du système biomédical permet
d'imaginer autre chose. Bref, le paradigme écologique est la
réponse aux problèmes du système de santé, comme aux autres problèmes de
la société .....
André Cicolella
Responsable de la Commission Santé (Verte)