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Argumentaire pour les
dix propositions
du CRAP-Cahiers PĂ©dagogiques
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Proposition
1
La nation, en liaison étroite avec le monde enseignant, doit définir ce
quâelle attend des Ă©lĂšves en terme de connaissances et de compĂ©tences
fondamentales Ă la fin
de la scolaritĂ© obligatoire. Les capacitĂ©s de lecture et dâĂ©criture sont
essentielles mais les fondamentaux, câest aussi aujourdâhui, par exemple,
savoir sâexprimer Ă lâoral, utiliser les nouvelles technologies, dĂ©coder les
images, connaĂźtre les risques pour lâenvironnementâŠ
Câest Ă
travers le travail sur ces compétences que les activités scolaires prennent
davantage de sens.
Argument 1 : des connaissances à réduire
Si lâon parle de socle commun
ou de compĂ©tences de base on admet quâun choix est Ă faire parmi les
connaissances disponibles. On ne peut plus aujourdâhui raisonner par
accumulation. Il faut faire un tri afin dâaboutir Ă un minimum de connaissances
alors quâon a eu tendance Ă superposer des couches successives de connaissances
Ă acquĂ©rir. Ce tri devrait permettre dâaboutir Ă une granularitĂ© Ă©lĂ©mentaire et
Ă©volutive, qui ne peut ĂȘtre dĂ©cidĂ©e une fois pour toutes ni de façon uniforme.
Dâautre part rĂ©duire propose une autre dimension Ă celle du tri et de
lâĂ©limination, celle de la synthĂšse. De quelle maniĂšre peut-on regrouper des
connaissances ou bien choisir une connaissance comme exemplaire ?
Argument 2 : des critÚres à définir
La masse des connaissances
sâaccroĂźt. On ne peut donc viser Ă lâexhaustivitĂ©, au contraire il faut
chercher à les réduire autant que possible. Lesquelles sont-elles
fondamentales ? Les connaissances de base ne peuvent se dĂ©finir dâaprĂšs
une vision nostalgique de ce quâon croit avoir appris lorsque nous Ă©tions
nous-mĂȘmes Ă©lĂšves. Elles restent donc Ă dĂ©finir. Pour y parvenir il sâagit
dâabord de sâentendre sur des critĂšres :
-
des
connaissances au service de la mise en place de compétences,
-
des
connaissances comme reprĂ©sentatives dâun type de connaissances,
-
des
connaissances indispensables Ă lâacquisition dâun type de savoir,
-
des
connaissances nĂ©cessaires Ă la vie dâun citoyen Ă©clairĂ© et acteur dans la
société.
Argument 3 : des disciplines à dépasser
Le lire, Ă©crire et compter nâest plus suffisant face Ă la
demande sociale mais aussi pour répondre aux besoins de culture de citoyens en
devenir. Le partage des connaissances en disciplines scolaires, héritage
historique et universitaire, est artificiel et a contribué à créer des groupes
de pressions qui ont ĆuvrĂ© Ă la juxtaposition et Ă lâaccumulation de
connaissances. Il conviendrait de raisonner en termes de culture :
-
une
culture sémiologique : une grammaire des signes qui permette de lire et
produire des textes sous toutes leurs formes, des images, des médias, des
langues Ă©trangĂšres ou tout systĂšme de signification,
-
une
culture scientifique et technique : conduisant Ă la maĂźtrise des systĂšmes
de logique, de la démarche scientifique, du langage mathématique, des
technologies,
-
une
culture humaine et sociale : en termes de philosophie, dâhistoire,
dâĂ©conomie, de droit, ou de politique afin de construire le citoyen au sein de
lâidĂ©al dĂ©mocratique,
-
une
culture du corps, des sens et de la santé : permettant à chacun de se
connaĂźtre et de respecter autrui, dâadvenir Ă lâĂ©motion artistique.
Ces cultures traversent les
champs disciplinaires et ne peuvent ĂȘtre rĂ©servĂ©es ni Ă telle discipline ni Ă
tel enseignant. Le dépassement des disciplines implique à la fois le
renforcement du travail en Ă©quipes au sein des Ă©tablissements et une ouverture
de chaque enseignant au delĂ de sa discipline universitaire dâorigine. En
rupture avec nos habitudes de travail, il est nécessaire de mettre en place une
politique Ă©ducative Ă la fois incitative Ă lâinnovation pĂ©dagogique et ouverte
aux expérimentations.
Argument 4 : des connaissances et des compétences
Ă relier
En soi une connaissance ne
sert à rien, et ne peut se contenter de constituer un savoir encyclopédiste.
Elle doit servir Ă la prise de dĂ©cision et Ă lâaction de chacun Ă travers le
développement de ses compétences. Le développement et la multiplication des
compétences se requiÚrent des connaissances et contribuent à en créer de
nouvelles. LâĂ©ducation apporte des connaissances premiĂšres Ă lâapprenant qui
sâen nourrit et se les approprie, pour devenir un acteur autonome capable de
rechercher, de solliciter, dâintĂ©grer de nouvelles connaissances. Cette
capacitĂ© Ă traiter les connaissances implique lâacquisition des compĂ©tences
indispensables Ă la construction du savoir et de lâidentitĂ© de chacun. Ces
compĂ©tences devraient se trouver au cĆur du socle commun Ă apporter aux Ă©lĂšves.
Cependant elles doivent trouver leur support dans des connaissances appropriées
et ne prennent sens quâĂ travers lâexemplaritĂ© des connaissances qui les
supportent.
Argument 5 : des compétences à rendre
prioritaires
La priorité ne concerne donc
pas les connaissances mais les compétences indispensables à tout citoyen
cultivĂ©, libre et actif. De la dĂ©finition de ces compĂ©tences peuvent ĂȘtre
déterminées les connaissances qui permettent de les élaborer et des acquérir.
Argument 6 : des domaines Ă approfondir
Câest de la conjonction entre
une compĂ©tence et son corpus de connaissances, que peuvent ĂȘtre dĂ©finis des
domaines du savoir. Un savoir nâĂ©tant pas clos sur lui-mĂȘme, mais ouvert sur de
nouveaux savoirs, il est nécessaire de faire adopter une posture
dâinterrogation et de doute, un esprit critique. Il faut donc privilĂ©gier
certains domaines Ă approfondir, câest-Ă -dire Ă cultiver et Ă maĂźtriser
suffisamment pour les mettre en question. Cette acquisition de la mise en
question, ou de lâesprit critique, conduit Ă une mise en appĂ©tit pour
développer sa propre culture, multiplier ses connaissances et accroßtre ses
compétences.
Argument 7 : une pédagogie à rendre active
On ne peut atteindre les
objectifs signalés ci-dessus dans le simple rapport transmissif de la
pédagogie. Les élÚves doivent apprendre à (se) construire (dans) leurs propres
savoirs. Ils leur faut donc acquĂ©rir des comportements et des savoir-faire Ă
travers des actions de recherche, dâinterrogation, de construction et de mise
en cause. Les enseignants doivent donc élaborer des démarches pédagogiques qui
rendent actifs leurs Ă©lĂšves.
Argument 8 : un socle commun : pour quoi
faire ?
Le socle commun ne vise donc
pas un minimum de connaissances en soi, mais les connaissances nécessaires à la
construction de compĂ©tences et Ă lâacquisition culturelle. Un Ă©lĂšve sortant du
collÚge doit donc avoir une vision non réductrice de ses savoirs. Quelle que
soit la suite de son parcours, il détient les outils du citoyen responsable et
autonome, capable de se dĂ©finir face Ă la demande sociale et dâentrer de
plain-pied dans le monde. Sâil dispose des capacitĂ©s pour poursuivre des Ă©tudes,
il doit pouvoir le faire disposant dâune culture lui permettant de dĂ©velopper
des champs de connaissances et de compĂ©tences spĂ©cialisĂ©s quâil puisse
relativiser, interroger et relier aux autres.
aRéférences Cahiers
PĂ©dagogiques
Les contenus dâenseignement, n° 298, novembre 1991
Esprit critique , es-tu là ? n°386, septembre 2000
Savoir, câest pouvoir transfĂ©rer, n° 408, novembre 2002
Proposition 2
Nous
dĂ©fendons lâidĂ©e dâun CollĂšge pour tous,
câest-Ă -dire oĂč tous les Ă©lĂšves sortant du collĂšge doivent avoir acquis les
mĂȘmes fondamentaux.  Cela implique une Ă©volution des pratiques,
encouragĂ©e par des dispositifs comme les IDD, lâheure de vie de classe, la
pédagogie de projet⊠Tout élÚve doit avoir rencontré un aspect du monde et de
la formation professionnels. La connaissance des métiers doit concerner tous les élÚves dÚs le primaire ainsi
que la connaissance des outils et des machines dâaujourdâhui. Le brevet doit ĂȘtre transformĂ© (Ă©valuation
de compétences disciplinaires, mais aussi transversales, évaluation de la
prĂ©sentation dâun travail poursuivi toute lâannĂ©e, etc.)
CollĂšge unique, collĂšge pour
tous, collĂšge de la rĂ©ussite de tous, etc. : quelle que soit lâexpression
retenue, il y a tension entre la nĂ©cessitĂ© dâune individualisation et lâidĂ©e dâĂ©galitĂ©Â des chances, si du moins cette expression est entendue comme
signifiant des structures et des contenus identiques pour tous dĂšs lâentrĂ©e au
collĂšge. Si au contraire on entend que câest lâĂ©galitĂ© des chances Ă la sortie
quâil faut viser, on admet quâelle soit recherchĂ©e Ă travers des structures
différenciées et éventuellement des
rythmes différents.
La plupart des élÚves poursuivent désormais des études
aprÚs le collÚge, et le collÚge doit les y préparer, en leur donnant les
mĂ©thodes de travail et en les aidant Ă
sâorienter. Mais il faut prendre en compte les Ă©lĂšves qui manifestent Ă cet
ùge une aversion, souvent temporaire,
pour le travail scolaire traditionnel ; et donc prévoir des formules qui
permettent provisoirement un autre mode de formation, comme par exemple
lâapprentissage Ă temps total ou partiel. Pour ne pas ĂȘtre une orientation
prĂ©coce et irrĂ©versible, ces formules doivent ĂȘtre assorties dâune possibilitĂ©
de retour Ă la scolaritĂ© â normale â. Elles ne peuvent concerner
quâun petit nombre dâĂ©lĂšves et ne doivent pas ĂȘtre une maniĂšre de se dispenser
dâune interrogation sur les maniĂšres de travailler au collĂšge pour tous les
Ă©lĂšves.
Le principal Ă©cueil serait est
ici de se contenter dâune Ă©galitĂ© simplement proclamĂ©e entre ces structures ou formules. Si lâon veut vraiment que la culture technologique soit Ă©gale en
dignité (et en débouchés offerts) aux autres formes de culture, cela suppose
des changements importants dans les pratiques dâĂ©valuation et dans les critĂšres
dâorientation, pour que lâorientation vers les enseignements professionnels ou
lâapprentissage ne soit plus en faut une relĂ©gation loin des enseignements
généraux. Là encore, cela doit se marquer au niveau de la formation des
professeurs qui, devraient tous, quelle que soit leur discipline, pouvoir se
familiariser avec le monde de lâenseignement professionnel.
Le brevet des collĂšges actuel nâĂ©value pas
sĂ©rieusement les compĂ©tences acquises par les Ă©lĂšves. Lâexistence dâune
certification finale du collÚge est sans doute nécessaire, mais elle doit
prendre des formes originales. A cĂŽtĂ© dâĂ©preuves classiques, Ă©valuant autant
lâacquisition de mĂ©thodes que de connaissances, on doit envisager lâĂ©valuation
de compétences qui du coup seraient davantage travaillées au collÚge. Par
exemple, la capacité à faire un court exposé devant un auditoire, présentant
une réalisation individuelle ou collective. Ou à chercher, trier et
hiérarchiser des documents (une compétence essentielle du citoyen du XXI °
siÚcle). Le B2I, les présentations de travaux en IDD sont de bons exemples de
ce qui pourrait ĂȘtre fait
Complément
(atelier des journĂ©es dâautomne du CRAP)
La place de la voie professionnelle dans le socle commun
Il ne sâagit pas de mettre des
options professionnelles ouvertes Ă tous, Ă
cÎté du socle commun des fondamentaux , comme le propose la question
4 ; il sâagit de lâinclure dans
les fondamentaux. Cette propension Ă mettre les connaissances professionnelles
à cÎté du socle commun montre les résistances à reconnaßtre les compétences
professionnelles ( ex : dessiner
un objet pour le fabriquer, programmer une machine, utiliser un outil,
organiser son travail dans le temps et lâespace, sâinscrire dan un projet dont
on est pas le seul acteur, repérer et aller rechercher des informations auprÚs
dâautres, pour rĂ©aliser une tĂącheâŠ.). Il nous faudrait tous ĂȘtre bien conscient
de la richesse, de la complexité des cultures professionnelles, qui ne peuvent
s'illustrer par "savoir planter un clou", tout comme la culture
gĂ©nĂ©rale ne peut l'ĂȘtre par "savoir lire Balzac".
Comment lutter contre la dépréciation de la voie
professionnelle ? Il y a tant d'implicite
dans notre société ! Quels indicateurs prendre pour comparer ? Les salaires ?
Le plaisir que différents professionnels peuvent éprouver dans leur travail,
(comme l'artisan d'art Ă l'extrĂȘme)? La relative libertĂ© de gestion de son
temps de l'agriculteur ou de l'artisan ?Â
La réussite des bacs pro et la disparition progressive de diplÎmés CAP,
BEP, lâĂ©volution de la complexitĂ© des mĂ©tiers de lâindustrie (machines Ă
commande numĂ©riqueâŠ..) tend Ă montrer que lâobjectif de lâĂ©cole et de la
société est de former des personnes qualifiées. On constate cependant que des
jeunes sortent, encore, du LP pour devenir de simples exécutants dans
lâentreprise.
Une
des missions de lâĂ©cole ne serait-elle pas, de faire en sorte que les Ă©lĂšves
soient aussi formés pour rechercher ailleurs que dans leur travail la
gratification dont tout ĂȘtre a besoin. Mais est-ce acceptable ? Peut-on se
contenter de cela ?
a Références
des Cahiers PĂ©dagogiques
⹠Les lycées professionnels, n° 403, avril 2001
⹠Des pistes pour changer le collÚge, n°404, mai 2001
Proposition 3 :
Les
programmes doivent ĂȘtre rĂ©orientĂ©s dans le sens de la mise en Ćuvre de compĂ©tences, parallĂšlement Ă lâacquisition des
connaissances, en Ă©tablissant des ponts disciplinaires. Il faut
veiller Ă ce que certaines avancĂ©es, comme le programme de français Ă lâĂ©cole
primaire, ne soient pas remises en cause. SymĂ©triquement, il faut (veiller Ă
ce)Â que les examens servent Ă certifier
une rĂ©elle formation plutĂŽt quâĂ mesurer la soumission Ă des normes formelles
dont la seule fonction est de sélectionner.
Quelle est la nature du savoir
qui est transmis dans un cadre oĂč lâon ne reconnaĂźt Ă lâĂ©lĂšve que des
obligations et oĂč lâon nâexige de lui que la soumission Ă des normes ?
Peut-on transmettre de cette façon autre chose que des savoirs formels?
Est-ce que la demande de la
nation qui attend de lâĂ©cole quâelle forme de futurs citoyens responsables est
satisfaite par un fonctionnement qui privilégie des savoirs dont on se contente
de mesurer lâacquisition sans mettre les Ă©lĂšves en situation de les utiliser?
Quel besoin dâesprit critique sâil sâagit de restituer ce qui permet dâobtenir
la note qui autorisera le passage dans la classe suivante et qui permettra de
décrocher les diplÎmes?
à force de réclamer que
lâĂ©cole transmette un savoir minimum, on a peut-ĂȘtre parfois oubliĂ© que le plus
important est la maniĂšre dont lâĂ©lĂšve le reconstruit, quâil sâagit davantage
de. susciter des questions plutÎt que de donner des réponses qui ne servent
quâĂ ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©es le jour de lâexamen.
Et on a du coup transformé le
savoir en marchandise et lâĂ©cole en supermarchĂ© garni de savoirs jetables.
Il y a une relation Ă nouer ou
renouer entre savoirs et formation. Les savoirs ne sont rien sâils nâentrent
pas en rĂ©sonance avec dâautres savoirs, sâils nâĂ©veillent aucun Ă©cho dans
lâexpĂ©rience de lâĂ©lĂšve ni dans la rĂ©alitĂ© qui lâentoure. Ces savoirs sont des savoirs morts sâils ne
donnent aucune compĂ©tence et sâils nâont servi que de monnaie dâĂ©change.
Le devoir de lâĂ©cole, dont la
mission est de former des citoyens ouverts sur leur environnement et sur la
culture de leur Ă©poque, capables dâarticuler connaissances et compĂ©tences, est
de mettre les Ă©lĂšves en mesure de confronter leurs acquisitions scolaires et la
complexitĂ© de la rĂ©alitĂ© qui les entoure. Cette rĂ©alitĂ© câest la rĂ©alitĂ©
socio-Ă©conomique et culturelle qui fait lâidentitĂ© dâune rĂ©gion, dâun
territoire donnĂ©, câest aussi la vie de lâĂ©tablissement scolaire et de la
classe
Pour cela, il faut que
lâorganisation de lâĂ©cole mais aussi les mĂ©thodes dâapprentissage accordent aux
Ă©lĂšves de vĂ©ritables responsabilitĂ©s afin que lâinstitution formatrice et
lâobjet mĂȘme de leur formation ne leur soient pas complĂštement extĂ©rieurs.
Il est nécessaire à la fois
que les Ă©lĂšves aient une prise sur leurs sujets dâĂ©tude, mais aussi que les
programmes offrent un corpus de connaissances capable de donner un contenu Ă
une véritable vision citoyenne du monde.
Dans cet esprit, lâĂ©cole doit
renoncer Ă la rĂ©pĂ©tition de connaissances encyclopĂ©diques dont lâempilement ne
débouche sur aucune formation. Nous pensons que, sans renoncer aux spécificités
disciplinaires et aux contraintes du savoir, lâĂ©cole doit privilĂ©gier les
dĂ©marches qui permettent de croiser les divers angles dâattaque de maniĂšre Ă
permettre aux Ă©lĂšves de se mettre en quĂȘte de sens et en position de rĂ©unir les
Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse aux questions quâils se posent.
Ainsi tout ce qui est une
invitation à proposer une lecture personnelle et argumentée, une observation,
une étude de cas nous semble à développer et à valoriser grùce à une évaluation
et Ă une certification qui prendraient en compte le rĂ©sultat dâune dĂ©marche
plutÎt que de mesurer une somme de connaissances et de savoir-faire inopérants.
Câest dans ce sens que vont
les IDD, les TPE, etc.
Câest dans ce sens que le
brevet et le bac devraient Ă©voluer
Ainsi les productions
personnelles et collectives rĂ©alisĂ©es au cours de lâannĂ©e devraient constituer
la partie la plus importante des travaux pris en compte pour la délivrance des
diplĂŽmes.
a Références Cahiers Pédagogiques
Les examens, dossier du n°387, octobre 1999
Quelle pédagogie pour les lycées, n° 376-377, sept-oct 1997
Changer lâĂ©cole primaire, n° 397-398, oct-nov 1999
Le collÚge , supplément 2000
Â
Proposition 4
Nous devons
défendre ardemment, au lycée, au collÚge des dispositifs qui ont fait leur preuve (TPE, ECJS) ou qui les feront si on leur
redonne plus dâimportance (PPCP, IDD).
Au lieu de les remettre en cause, il faut améliorer leur fonctionnement et
étendre les TPE aux voies technologiques des lycées.
Ces dispositifs contiennent en
germe lâespoir dâune autre maniĂšre de travailler et dâapprendre, pour sortir de
lâalternative entre le â cours sĂ©rieux â et les activitĂ©s rĂ©crĂ©atives
sympathiques mais peu productives en termes de savoirs.
 Ils sont le prolongement dâune trĂšs ancienne tradition oĂč on
trouve en fait les grands principes de lâĂ©ducation nouvelle, mais aussi
lâintĂ©gration dâexigences actuelles, ouvertes sur le futur du XXI° siĂšcle.
Les Ă©lĂšves sont incitĂ©s Ă ĂȘtre
actifs, crĂ©atifs, et le professeur Ă ĂȘtre davantage un pilote, un guide pour
mener à bien des travaux pas trop parcellisés, pas trop standardisés. Bien des
enseignants dĂ©clarent quâĂ cette occasion, ils ont eu plaisir Ă
â travailler autrement â, Ă moins intervenir, Ă laisser du temps et
de lâespace aux Ă©lĂšves. Lâexpression â travailler autrement â est
discutable cependant, car elle laisse penser quâil sâagit simplement de
â respirations â provisoires au milieu dâune norme inchangĂ©e, alors
que IDD, TPE et PPCP pourraient ĂȘtre le ferment, le levier vers dâautres
pratiques, qui deviendraient les pratiques ordinaires.
               Mais ce qui semble particuliÚrement intéressant ici,
câest le dĂ©veloppement de compĂ©tences essentielles pour lâavenir. Par exemple, savoir trouver des informations, et surtout les trier,
savoir reconnaĂźtre leur validitĂ© ou travailler rĂ©ellement lâoral. Dit-on suffisamment le scandale
que constitue le fait que tant dâĂ©lĂšves sortent du collĂšge sans ĂȘtre capables
dâexposer pendant trois minutes, sans notes, une question Ă©tudiĂ©e
auparavant ? Et bien des lycĂ©ens continuent Ă ĂȘtre dans ce cas-lĂ .
Autre compétence : la capacité à parler de son travail (ou à écrire
sur celui-ci), Ă travers notamment lâexistence du carnet de bord. On commence Ă
savoir que les activités de métacognition, de bilans, de retours réflexifs,
sont des facteurs essentiels de la réussite scolaire .
Par ailleurs, lâintĂ©rĂȘt
principal de ces nouveaux dispositifs est de ne pas séparer les efforts pour
motiver les Ă©lĂšves, les rendre plus actifs et un travail de fond sur les
contenus scolaires et sur la culture.
Dans le travail Ă deux, entre collĂšgues, naĂźt parfois un questionnement
nouveau. Et dans ce contexte, des matiÚres trop marginalisées comme la
technologie au collĂšge devraient pouvoir trouver une place importante.
Pour
qui ?
               Reste lâobjection : les IDD, voire les
TPE seraient un luxe, alors mĂȘme que les savoirs essentiels ne seraient
pas maĂźtrisĂ©s. Certes, ils peuvent ĂȘtre facteurs dâexclusion si on ne tient pas
compte des diffĂ©rences de rythmes, de capacitĂ©s, de degrĂ© dâautonomie des
Ă©lĂšves. Ils doivent sâinscrire dans le cadre dâune pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e
visant à réduire les différences. Dans
de nombreux cas, les enseignants Ă©voquent bien le cas dâĂ©lĂšves difficiles ou
dĂ©motivĂ©s dans les cours classiques et sâappliquant, sâinvestissant dans lâIDD
ou le TPE.
a Références :
Florence Castincaud et
Jean-Michel Zakhartchouk, Croisements de
disciplines au collĂšge, CRDP dâAmiens et CRAP, 2002
Raoul Pantanella, Les TPE,
vers une autre pĂ©dagogie, CRDP dâAmiens et CRAP, 2000
Elisabeth Bergé et Françoise
Vuillequiez, accompagner les PPCP, CRDP dâAmiens et CRAP, 2003
Cahiers
PĂ©dagogiques,
n°413-414, Pratiquer les IDD, les TPE, les PPCP, avril-mai 2003
Proposition 5
A lâĂ©cole
primaire comme au collÚge, il faut développer des alternatives au redoublement. Cela passe par la réactivation
de la politique des cycles et la mise en place de formes souples de
regroupements temporaires ou de pédagogies différenciées. Les Cahiers
PĂ©dagogiques ont publiĂ© lĂ -dessus de nombreux textes qui restent dâactualitĂ©.
Toutes les Ă©tudes
internationales , on le sait, montrent lâinefficacitĂ© globale du redoublement.
Certes, localement, ponctuellement, celui-ci peut sâavĂ©rer utile pour un Ă©lĂšve
particulier, mais ces cas sont mis en avant pour sauver un dispositif qui est
coûteux à la fois financiÚrement et psychologiquement.
Bien entendu, il faut trouver des alternatives.
Dans le premier degré, elles
passent par lâabandon dâune pression excessive qui fait quâon voudrait que les
enfants â sachent lire â Ă NoĂ«l. La politique des cycles nâa
jamais vraiment fonctionnĂ©, car elle nĂ©cessite la mise en place dâune pĂ©dagogie
différenciée dont on ne parle plus guÚre dans les discours officiels. Pourquoi
ce qui a pu exister, mĂȘme si câest sous des formes pas forcĂ©ment exemplaires
partout, dans les classes uniques, à savoir faire la classe avec des activités
diffĂ©rentes selon les Ă©lĂšves, ne serait-il pas possible aujourdâhui ?
Il est vrai quâon a abandonnĂ©
ce qui pouvait se dessiner par exemple avec la Charte pour lâĂ©cole du XXI°
siĂšcle (travail commun avec des chercheurs, rĂ©flexion sur lâutilisation des
aides éducateurs, etc.). La solution du cours préparatoire allégé actuellement
en vogue, peut ĂȘtre valable si et seulement si cela sâaccompagne dâune
formation au travail plus individualisé, ne se fait pas à la place de la
politique des cycles, nâest pas isolĂ© dâune rĂ©flexion globale au niveau de
toutes les classes dâune Ă©cole.
Dans le secondaire, la
réflexion sur les formes de regroupements semble également en panne. Il
faudrait en fait tirer parti de lâexpĂ©rience, souvent relatĂ©e dans les Cahiers PĂ©dagogiques , de groupements
différenciés (groupes de besoins, monitorats, groupes à géométrie variable,
regroupements par projets). Quand existent des moyens pour des regroupements
par petits effectifs, trop souvent il nây pas optimisation (faire la mĂȘme chose
Ă huit quâĂ trente est une aberration et un gaspillage de lâargent des
contribuables !)
Les dispositifs officiels
changent souvent. Quâen est-il des Ă©tudes dirigĂ©es en collĂšge ? Laisser de
lâautonomie aux Ă©tablissements implique en contrepartie un pilotage, un
accompagnement par lâinstitution. Or, Ă lâheure actuelle, câest plutĂŽt la cacophonie
(voir par exemple les pratiques au lycĂ©e des modules et des heures dâaide
individualisée).
Le travail fait dans les
Ă©tablissements novateurs (quâils soient ou non â expĂ©rimentaux â)
doit ĂȘtre mieux connu. On ne peut que dĂ©plorer la mise Ă mort du conseil
national de lâinnovation qui aurait pu jouer un rĂŽle essentiel de diffuseur de
ces innovations (cela ne concerne pas que cette proposition dâailleurs !)
a Références des Cahiers Pédagogiques
Le
redoublement, n° 254-255, mai-juin 1987
Il nây a pas que la classe, n°279, dĂ©cembre 1989
Retours sur
la pédagogie différenciée (supplément)
Les cycles Ă
lâĂ©cole primaire ,n° 321-322, fĂ©vrier-mars 1994
Proposition 6 :
Il faut développer les pratiques culturelles des
Ă©lĂšves Ă lâĂ©cole en les reliant aux apprentissages.
Les efforts
faits pour dĂ©velopper ces pratiques doivent ĂȘtre poursuivis et accentuĂ©s en
lien avec les partenaires les plus divers. Cela inclut aussi bien les arts que
la culture technique et scientifique.
Trop souvent, les activités dites
culturelles apparaissent, Ă lâĂ©cole, comme un â supplĂ©ment dâĂąme â et
de plus on les limite au domaine artistique et littéraire. Il convient à la
fois dâĂ©largir la notion de culture et de mieux relier ces activitĂ©s aux
apprentissages.
Les activités culturelles
crĂ©atrices permettent de donner plus de sens Ă ce quâon apprend. Les Ă©lĂšves ne
peuvent écrire des textes (contes, nouvelles, poÚmes) sans se référer à des
lectures, sans avoir recours aux outils de la langue. La création musicale
implique lâĂ©coute et le travail technique.
Mais, les activités
culturelles ne peuvent dâautre part ĂȘtre menĂ©es par tous les Ă©lĂšves (pas
seulement ceux qui sont motivĂ©s Ă lâavance ou ceux qui â baignent â
déjà dans la culture) sans que le professeur mobilise toutes les ressources de
la pĂ©dagogie (capacitĂ© Ă mener un travail en groupes oĂč tous les Ă©lĂšves sont
impliqués, partage des tùches, planification du travail, capacité à articuler
projet et activitĂ©s â dĂ©crochĂ©es â, etc.)
Il faut sâĂ©lever contre toute remise en cause par
exemple des activitĂ©s artistiques Ă lâĂ©cole primaire sous prĂ©texte que les
â fondamentaux â passent avant. Autant il est important de rĂ©flĂ©chir
sur ces activitĂ©s pour Ă©viter dâen faire de simples moments rĂ©crĂ©atifs (la
â cerise sur le gĂąteau â) ou dâexaltation spontanĂ©iste de la
â crĂ©ativitĂ© â de lâenfant, autant il serait dĂ©sastreux de ne pas
poursuivre les efforts faits ces derniÚres années dans ce domaine.
Dans le secondaire, le
dĂ©veloppement dâateliers scientifiques permettant lâĂ©mergence dâune culture
vĂ©ritable dans ce domaine doit ĂȘtre poursuivi. Encore une fois, cela ne doit
pas se faire à la marge et ne concerner que les volontaires. Ces activités
doivent avoir des effets sur la pratique de la classe. Un Ă©lĂšve de classe
scientifique doit possĂ©der des Ă©lĂ©ments dâhistoire des sciences et ĂȘtre amenĂ© Ă
se poser des questions sur la place de la science dans la culture. De mĂȘme, les
activitĂ©s culturelles doivent-elles ĂȘtre mises en relation avec lâĂ©volution des
techniques et impliquer la technologie au collĂšge.
Les itinéraires de découverte
et les TPE sont, là encore, des occasions de développement de cette culture
multiforme.
Tant pis pour ceux qui
ironisent tel cet homme politique clamant que lâĂ©cole nâa pas Ă â former
de petits artistes â (le problĂšme nâest pas lĂ ). Il sâagit bien de faire
jouer Ă lâenseignant un rĂŽle de â passeur culturel â pour une vraie
appropriation culturelle.
aRéférences des Cahiers
PĂ©dagogiques :
Le monde de
lâart et lâĂ©cole,
numéro 371, février 1999
Musique ! , n°394 mai 2001
Des grandes
Ćuvres pour tous,
n° 402, mars 2002
Proposition 7
Pour créer
un climat propice aux apprentissages dans les Ă©tablissements scolaires, et pour
instaurer une autorité légitime, il faut développer tous les moyens qui
ont été expérimentés et qui ont fait leur preuve : travail en équipe,
structures de mĂ©diation, instances de concertation et de dĂ©mocratie, âŠ
Invoquer le retour Ă lâordre et Ă la discipline est simplificateur et
dangereux.
Le ministĂšre parle beaucoup de
â retour Ă lâautoritĂ© â. Mais celui-ci est en fait illusoire si on
considĂšre cela comme un â prĂ©alable â et si on ne parvient pas Ă
redĂ©finir ce que doit ĂȘtre lâautoritĂ© (le CRAP prĂ©pare un colloque sur ce sujet
et un dossier des Cahiers PĂ©dagogiques
pour fin 2004) LâautoritĂ© de lâenseignant doit sâappuyer sur la
responsabilisation des Ă©lĂšves, donc sur leur implication dans la vie de la
classe et de lâĂ©tablissement. Le â rappel Ă lâordre â ne pourra ĂȘtre
efficace sans cela, et sans le travail solidaire de tous les acteurs de
lâĂ©tablissement. Le travail dâĂ©quipe des enseignants , mĂȘme minimal, est
souvent le facteur décisif qui explique que tel ou tel établissement est moins
touché par la violence et les incivilités (cf. les travaux de Debarbieux).
Il est irresponsable de faire
croire aux jeunes enseignants que câest Ă coup de slogans dĂ©magogiques
(â tolĂ©rance zĂ©ro â), de paris impossibles (â ne rien laisser
passer â) ou de mesures spectaculaires mais qui ne touchent pas
lâessentiel (mettre plus dâenseignants au conseil de discipline par exemple),
que lâon va rĂ©gler quoique ce soit. On isole en faisant cela lâinstauration de
la Loi dans la classe de la mise au travail des Ă©lĂšves, alors que les deux sont
liĂ©es, quâil faut les mener de pair, sans esprit de prĂ©alables.
Les enseignants doivent ĂȘtre
davantage formés aux techniques et dispositifs de médiation, de communication,
Ă condition quâils ne soient pas conçus comme remĂšdes miracles, mais
retravaillĂ©s dans des Ă©changes de pratiques. La diffusion de â ce qui
marche â ici ou lĂ est Ă©galement nĂ©cessaire, non pour modĂ©liser, mais pour
donner des idĂ©es. On sait davantage aujourdâhui ce qui produit des
â effets-Ă©tablissements â positifs, mais ces travaux ne sont pas
assez connus.
Allons plus loin : la
prévention de la violence, la mise en place de bonnes conditions pour apprendre
(le but principal de lâĂ©cole), cela passe par plus de dĂ©mocratie dans lâĂcole.
Pour certains, puisquâil y a dissymĂ©trie entre adultes et Ă©lĂšves, lâĂ©cole ne
peut ĂȘtre un lieu de dĂ©mocratie. Et pourtant, dans nos sociĂ©tĂ©s menacĂ©es par le
rĂšgne de la marchandise et le recul de lâaction citoyenne, oĂč donc
sâapprendrait cette si nĂ©cessaire conscience dĂ©mocratique, sinon Ă
lâĂ©cole ? Et cela commence par un exercice quotidien de cette dĂ©mocratie (on sây exerce et elle sâexerce). Les Ă©lĂšves ne sont pas des
â citoyens â, mais des apprentis-citoyens. Les responsabiliser est
parfois la seule maniĂšre de les impliquer, de faire quâils ne se sentent plus
extĂ©rieurs au cadre scolaire. La formule â construire la rĂšgle â avec
les Ă©lĂšves est sans doute ambiguĂ« et prĂȘte Ă mauvaises interprĂ©tations (ce sont les Ă©lĂšves qui vont faire la loi..). Il
sâagit en fait de mettre en place une vraie rĂ©appropriation, qui est en quelque
sorte une reconstruction, en séparant ce qui est négociable de tout ce qui ne
lâest pas (les programmes, tout ce qui est dans la loi rĂ©publicaine, etc.)
Construire une autorité démocratique reste un chantier à explorer, bien plus
intĂ©ressant que dâillusoires mouvements de mentonâŠ
Ă propos du
travail dâĂ©quipe :
Les Ă©lĂšves ont de plus en plus
de mal à faire les liens entre leurs différents apprentissages, à y mettre le
moindre sens. Les matiÚres sont enseignées trop souvent de façon complÚtement
indépendante. Sans le dire on demande continuellement aux élÚves de transférer
dâune matiĂšre Ă lâautre leurs apprentissages. On leur reprochera tantĂŽt de ne
pas savoir prendre leurs notes, tantĂŽt de ne pas savoir apprendre telle ou
telle leçon, alors que trÚs souvent les enseignants ne mettent pas du tout les
mĂȘmes choses sous les mĂȘmes mots. RĂ©investir un cours nâa pas toujours la mĂȘme
signification ; dâautant que les mots employĂ©s nâont pas le mĂȘme sens dans
telle ou telle matiĂšre.
Le travail en Ă©quipe
pluridisciplinaire au sein dâune mĂȘme classe, est un moyen de leur permettre de
faire ces liens. Un minimum dâaccords communs entraĂźne un langage de mĂȘme type
et des exigences de mĂȘme nature : les Ă©lĂšves ne changent pas de planĂšte Ă
chaque heure mĂȘme si de toutes façons chacun agit avec sa personnalitĂ©. Une
maniĂšre commune de considĂ©rer â lâerreur â est indispensable Ă la
mise en confiance dans tout apprentissage ; encore faut-il se lâĂȘtre
dit ?
Lâobjectif commun de toute
équipe est nécessairement la réussite la meilleure possible pour chaque
Ă©lĂšve ; cet objectif peut recouvrir diffĂ©rentes formes et ĂȘtre centrĂ© sur
tel ou tel aspect de cette réussite, par exemple la capacité à relier, et aussi
à distinguer les différents types de raisonnements, les différentes maniÚres
dâargumenter, dans les disciplines dites littĂ©raires et dans les disciplines
dites scientifiques, la capacité à construire un exposé, la capacité à prendre
la parole, etcâŠ
Lâinitiation Ă la dĂ©mocratie
au sein dâune classe prend tout son sens quand lâensemble des professeurs
associĂ© au conseiller dâĂ©ducation participe Ă la â vie de classe â.
Les relations interpersonnelles sâen trouvent nĂ©cessairement modifiĂ©es. Dans ce
travail commun le rĂŽle du conseiller dâĂ©ducation est primordial : pour les
Ă©lĂšves il est la personne de lâĂ©quipe qui nâa pas de rĂŽle Ă©valuateur.
Le travail en Ă©quipe
disciplinaire est plutĂŽt un confort pour lâenseignant mais aussi un moyen pour
lâĂ©lĂšve de savoir quâil effectue le mĂȘme travail que dâautres classes et que ce
qui lui est demandĂ© nâest pas uniquement liĂ© au professeur avec lequel il travaille.
Dans le second degré, il est
donc indispensable de donner de vrais moyens aux Ă©tablissements : dâune
part des moyens horaires pour inclure dans les services des enseignants des
moments de concertation soit entre eux soit avec les Ă©lĂšves, le temps des uns
et des autres nâĂ©tant pas extensibles, dâautres des locaux adaptĂ©s oĂč les
enseignants puissent se concerter.
a Références des Cahiers Pédagogiques
Ouvrage :
Apprendre et vivre la dĂ©mocratie Ă lâĂ©cole, sous la direction de
M.Amiel, R.Etienne et MC Presse, en
partenariat avec le CRDP dâAmiens
Dossiers :
Face Ă la violence, juin 1999,
n° 375 (avec Education & Devenir)
Existe-t-il une vie scolaire , juin 2003, n°415
 Proposition 8
Nous
rĂ©affirmons lâimportance de la formation
professionnelle des enseignants. Nous défendons les IUFM qui
marquent le choix de la professionnalisation des enseignants Ă travers
notamment le mĂ©moire professionnel, les analyses de pratiquesâŠ
Nous
souhaitons une articulation renforcée entre formation initiale et continue. La
formation continue doit accompagner les réformes et répondre aux besoins
identifiés des personnels.
Il faut
aussi remettre en chantier les modalités des concours de recrutement des
enseignants.
Chaque année, trente à quarante
mille stagiaires sont formĂ©s dans les IUFM et les Ă©tablissements oĂč ils sont en stage. Ils deviennent professeurs des
écoles, des collÚges, des lycées, y compris professionnel et technologique, et
ce sont dâexcellents professionnels, mĂȘme si les dĂ©buts de carriĂšre sont
souvent assez difficiles dans la mesure oĂč ils se passent sur des postes
délaissés par leurs collÚgues plus anciens. Ce qui permet de déceler quelques
défauts réels de ce début de carriÚre à la française, défauts dont certains
nâont rien Ă voir avec la formation des enseignants. La formation continue joue
un rÎle de complément à la formation initiale mais permet aussi de faire face
aux Ă©volutions rapides du mĂ©tier et de ses conditions dâexercice.
En effet, lâeffort de
formation porte essentiellement sur le mĂ©tier dâenseignant : suffit-il de
savoir pour savoir enseigner ? Tout le monde sait bien, y compris les
ennemis déclarés de la pédagogie,
que non, mais la premiĂšre protection, illusoire, du mandarin est sa culture
quâil Ă©tale frĂ©nĂ©tiquement. Le souci des formateurs et des enseignants nâest
Ă©videmment pas de dĂ©velopper lâart
dâapprendre Ă ignorer. Mais plutĂŽt de se poser la question dâune rĂ©elle transmission des savoirs. Car il
est clair que, si Ă©duquer est un mĂ©tier impossible, ce qui Ă©tait lâopinion
de Freud, la formation des enseignants initiale ou continue est aussi
indispensable que dĂ©licate Ă mettre en Ćuvre ! Elle sâappuie sur un
triptyque bien connu : une acquisition sans faille des connaissances (fini
le temps des impasses oĂč il suffit
dâobtenir la moyenne pour avoir son diplĂŽme), une compĂ©tence didactique (ou, si
lâon prĂ©fĂšre, comment faire passer nos
connaissances) et un art de la conduite de la classe dans lâĂ©tablissement
dâaffectation (ce que lâon appelle, depuis la plus haute antiquitĂ©, la
pédagogie).
Ne pourrait-on, Ă lâinstar de
ce qui se fait dans la majeure partie des pays développés, envisager de confier
Ă lâuniversitĂ© la formation des enseignants ? Bien sĂ»r, au QuĂ©bec et Ă
GenÚve, pour ne donner que ces deux exemples, cette mission est confiée aux
facultĂ©s de sciences de lâĂ©ducation et ce nâest pas la catastrophe pour autant.
En France, la seule explication plausible dâune formation dans une institution
spĂ©cifique tient Ă lâhĂ©ritage des
Ăcoles normales qui ont fourni bĂątiments, bibliothĂšques et personnels rompus Ă
la formation des enseignants. Notre expĂ©rience actuelle nous conduit Ă
approuver le schéma proposé en 1989 : la collation des grades et des
diplĂŽmes devrait rester lâapanage de lâuniversitĂ© alors que la prĂ©paration au
mĂ©tier dâenseignement et lâaccompagnement des dĂ©buts dans le mĂ©tier mĂ©ritent
une institution qui leur soit consacrĂ©e. On pourrait mĂȘme introduire davantage
de recherche pratique et concrĂšte dans la formation des
enseignants. Câest le chantier, entre autres, du mĂ©moire professionnel que lâon peut rapprocher davantage de
la maĂźtrise et la prĂ©sence obligatoire dâuniversitaires dans les jurys
permettrait dâaller vers un diplĂŽme qui reconnaĂźtrait, enfin, aux enseignants
leur véritable niveau : bac + 5 (3 pour la licence et 2 pour la
préparation puis la formation liées au concours). Voilà un projet bien concret
de valorisation de la formation
des enseignants !
Enfin, il est un sujet qui
dĂ©range mais qui hypothĂšque gravement la lecture des premiĂšres annĂ©es dâenseignement.
Câest lâaffectation des professeurs qui se fait systĂ©matiquement dans une
logique folle de barĂšme fondĂ© sur lâanciennetĂ© : en France, vous pouvez
prĂ©parer le concours Ă CrĂ©teil, ĂȘtre formĂ© Ă Montpellier et affectĂ© Ă
Amiens ! Le bizutage des nouveaux
enseignants aboutit Ă leur donner ce qui reste, parfois provisoirement pour
quelques mois, une année au maximum, une fois le festin des titulaires servi.
Or, si lâon se forme sur le terrain et en centre de formation (câest
lâalternance), il faut reconnaĂźtre quâentre ce que dĂ©couvre le stagiaire au
lycée Joffre de Montpellier et les classes de lycée professionnel de Gagny dont
il aura la responsabilitĂ© sur une durĂ©e dâau moins trois ans les transpositions
ne sont guÚre aisées. Voilà pourquoi il est indispensable de construire des
groupes de stagiaires du second degré cohérents et complémentaires qui
coopĂšrent entre eux et avec des Ă©quipes grĂące Ă une base stable de conseillers
pĂ©dagogiques, vĂ©ritables formateurs de terrain dont la formation devrait ĂȘtre
une des missions essentielles des IUFM. Cette belle logique partant du terrain,
qui a la faveur des stagiaires et de leurs tuteurs, a toujours été contredite
par les rentrĂ©es manteau dâArlequin :
on affecte des stagiaires sur les trous Ă boucher et non en fonction des
besoins et ressources en formation. Il faut dire et souligner que les
stagiaires, du premier et du second degrés, sont devenus des piÚces rapportées
qui cachent la grande misĂšre de
notre systÚme éducatif incapable de se réformer en fonction des besoins
dâĂ©ducation des Ă©lĂšves et de formation des professeurs, article premier de la
si dĂ©criĂ©e et mĂ©connue loi dâorientation du 10 juillet 1989 : â LâĂ©ducation est la premiĂšre prioritĂ© nationale. Le
service public dâĂ©ducation est conçu et organisĂ© en fonction des Ă©lĂšves et des
Ă©tudiants. Il contribue Ă lâĂ©galitĂ© des chances. â La formation
nâest pas suffisamment prioritaire au cours des premiĂšres annĂ©es dâexercice du
mĂ©tier puisquâon impose aux professeurs des postes dĂ©laissĂ©s par leurs
collĂšgues.
Si lâon accorde Ă une AcadĂ©mie
moyenne comme celle de Montpellier six cents emplois de stagiaires pour le
premier degré et autant pour le second, des emplois pas trop difficiles (on a
vu des stagiaires exercer dans des classes de cinquiÚme pré-orientées en quatriÚme
technologique !), quâils occuperont pendant les cinq premiĂšres annĂ©es de
leur carriĂšre, puisque nous savons que câest le temps nĂ©cessaire pour
une formation efficace, nous améliorerons grandement la formation des
enseignants qui se professionnaliseront en exerçant le métier. Cela ne
mobiliserait quâun dixiĂšme des postes. Si lâon y ajoute un rĂ©seau de
conseillers pédagogiques formés et rémunérés avec un contrat en bonne et due
forme, la formation devient une priorité réelle et servie par une méthode cohérente.
Il restera à la compléter en
reprenant des logiques de formation dâadultes fondĂ©es sur les critĂšres et
exigences de la recherche appliquĂ©e Ă lâexpĂ©rience professionnelle. La logique
de formation lâemportera alors sur la simple gestion des moyens dâenseignement. Enfin, il est
possible de revoir la formation avec les stagiaires, de lâinscrire dans
le dĂ©but et le dĂ©roulement de leur carriĂšre. Ce nâest pas vouloir faire
disparaĂźtre les avantages liĂ©s Ă un haut niveau acadĂ©mique quâil y aura Ă
maintenir, voire Ă Ă©lever tout au long de la
vie. Ce nâest pas non plus chercher Ă faire disparaĂźtre les IUFM
mais mettre en place autre chose que des parlottes plus ou moins magistrales
pour traiter les attentes authentiques de jeunes collĂšgues. Ils ne refusent pas
lâentrĂ©e dans le mĂ©tier mais expriment un malaise persistant quant Ă leur
insertion dans des écoles et des établissements qui, plutÎt de les voir défiler
annĂ©e aprĂšs annĂ©e, ont tout intĂ©rĂȘt Ă les intĂ©grer dans leur projet de
développement.
Concernant la formation continue proprement dite,
celle-ci a Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e depuis plusieurs annĂ©es. Elle doit ĂȘtre un des piliers
de la transformation du systĂšme, mĂȘme si elle ne peut ĂȘtre confondue avec par
exemple le simple accompagnement des réformes. Elle concerne aussi bien le
domaine disciplinaire que le domaine transversal (qui ne se limite pas aux
questions de â vie scolaire â).Elle doit Ă la fois rĂ©pondre aux besoins du terrain, mais aussi
permettre les nécessaires prises de recul
Les plans de formation dâĂ©tablissement ne sont dans
bien des cas que des coquilles vides car ne sont pas mis en place des
dispositifs comme par exemple des correspondants formation dans chaque
Ă©tablissement (ce ne peut ĂȘtre une charge de plus pour le chef
dâĂ©tablissement), lesquels seraient en relation permanente avec des
correspondants départementaux chargés de les aider à définir les besoins.
Il faut parvenir Ă valoriser lâeffort de formation
continue des personnels, en envisageant enfin de parvenir Ă un statut du
formateur à temps partagé.
a Références des Cahiers Pédagogiques
La formation des enseignants, n° 335 (juin 1995) et 338 (novembre
1995)
Notre métier, notre identité, n° 380, janvier 2000
Comment peut-on ĂȘtre conseiller
pédagogique,
n°390, janvier 2001
Les premiers pas dans lâenseignement, n° 418, novembre 2003
Proposition 9
Dans lâEcole
rĂ©publicaine et dĂ©mocratique qui doit ĂȘtre garante du vivre ensemble et de
lâapprentissage de savoirs fondĂ©s en raison, il faut dĂ©fendre la laĂŻcitĂ©.
Celle-ci nâest
pas seulement neutralité en matiÚre religieuse, politique ou autre. Elle doit
garantir, dans lâespace public scolaire, la possibilitĂ© de dĂ©battre avec esprit
critique des grands problÚmes de société, dans des formes respectueuses des
croyances et des opinions de chacun, avec une visée universaliste.
La laĂŻcitĂ© de lâĂ©cole
publique, puis celle de lâĂ©tat ont Ă©tĂ© instaurĂ©es il y a plus dâun siĂšcle dans
un contexte de lutte contre le cléricalisme catholique. Ce rappel nécessaire
doit ĂȘtre complĂ©tĂ© par le suivant : les lois et les institutions laĂŻques
sont aujourdâhui presque gĂ©nĂ©ralement admises et la â laĂŻcitĂ© Ă la
française â est une originalitĂ© de notre pays. MĂȘme la querelle sĂ©culaire
Ă propos de lâenseignement privĂ© catholique semble apaisĂ©e dans la plupart des
régions.
Cependant la situation a
évolué.
- Lâignorance dans le domaine
religieux, aussi bien chez les Ă©lĂšves que chez beaucoup de
professeurs, est préoccupante, en termes de culture littéraire ou
artistique comme en termes de capacité au dialogue pacifique entre personnes se
rĂ©clamant des diffĂ©rents courants philosophiques, religieux et spirituels.Â
- LâIslam est devenu la
seconde religion de France, mais sa perception par lâopinion reste confuse,
parfois caricaturale, parfois plus ou moins hostile, ou polluée par la
situation en Palestine. Les agissements des islamistes, mĂȘme sâils ne sont le
fait que dâune petite minoritĂ©, orientent cette perception.
- A cÎté des religions
proprement dites, on assiste Ă une montĂ©e de lâirrationalisme, au dĂ©veloppement, y compris dans des milieux cultivĂ©s, de
pratiques comme lâastrologie, la numĂ©rologie, la voyance, Ă lâimplantation des
sectes, dont certaines sont des dangers pour la liberté, voire pour la santé
des citoyens quâelles manipulent.
La laĂŻcitĂ© est concernĂ©e, Ă
trois points de vue :
-
Politiquement,
sans que nous ayons à développer ici cet aspect : la laïcité est et doit rester
le refus dâune emprise des religions sur les institutions. Il importe, pour la
clartĂ© des dĂ©bats, de ne pas confondre les manifestations acceptables dâune
appartenance religieuse et les manipulations Ă fins politiques.
-
Culturellement :
le patrimoine philosophique, littéraire et artistique des différentes religions
fait partie du patrimoine de lâhumanitĂ© et Ă ce titre lâenseignement doit
permettre aux jeunes dâentrer en contact avec lui, dans une perspective
universaliste dâenrichissement et de dialogueÂ
au delĂ des particularismes.
-
PĂ©dagogiquement :
lâĂ©cole publique ne peut pas abandonner aux Ă©coles confessionnelles ou aux Ă©glises et communautĂ©s religieuses la
tĂąche de transmettre ce patrimoine. Elle doit donner Ă tous un enseignement sur
les faits religieux. Mais cette tùche se heurte à plusieurs difficultés. Parmi
ces difficultés :
âą quel consensus sur les contenus
dâun tel enseignement
⹠quels contenus et quelles méthodes
pour le diffĂ©rencier dâune instruction religieuse (ou dâune catĂ©chĂšse) telle
que la donnent les religions
⹠comment ne privilégier aucune
religion tout en Ă©vitant une Ă©numĂ©ration qui pourrait ĂȘtre fastidieuse, comment
dĂ©velopper un intĂ©rĂȘt sans exercer une pression
âą quels enseignants, qui ne devront pas ĂȘtre les reprĂ©sentants
dâun culte quelconque
âą quelle ampleur, quelle
place dans les programmes et les cursus.
En prĂ©alable : Il y a besoin dâune information solide des
enseignants, de tous niveaux et de toutes disciplines, sur les religions, leur
histoire et leur prĂ©sent, sur la laĂŻcitĂ©, son histoire et sa portĂ©e, et dâune
rĂ©flexion approfondie sur la façon de dĂ©velopper lâesprit critique des Ă©lĂšves,
de les familiariser avec la pratique de débats qui respectent les croyances et
les opinions sans se réfugier dans une neutralité frileuse.
Cela implique quâon ne
confonde pas la laïcité avec la neutralité. Loin de la fadeur de cette
neutralitĂ©, lâĂ©cole doit mettre en avant lâengagement citoyen ; elle doit
le faire dans le respect de la diversité des opinions, du moins pour les
opinions qui sâinscrivent dans le cadreÂ
de la démocratie et de la République.
Ces questions nouvelles sont
difficiles. Elles doivent ĂȘtre abordĂ©es de façon nuancĂ©e en raison mĂȘme de
cette difficulté. Mais ceux qui sont attachés à la laïcité se doivent
aujourdâhui de les affronter pour ne pas laisser se dĂ©velopper un nouvel
obscurantisme et faire de lâĂ©cole un lieu de dĂ©bat citoyen.
Et la question du voile ?
MalgrĂ© la place quâelle prend dans les media et les prĂ©occupations, la laĂŻcitĂ©
ne se rĂ©duit pas Ă cette question, quiÂ
nâest dâailleurs pas toujours bien posĂ©e. Il importe de  ne pas confondre la manifestation banale
dâune croyance et une entreprise de prosĂ©lytisme. Il importe de distinguer dans
le débat ce qui touche à la religion musulmane et ce qui relÚve des démarches
de groupes islamistes, dont la motivation nâest pas seulement dâordre
religieux. Les aspects inadmissibles de certaines de ces démarches, celles qui
touchent en particulier la liberté des femmes ou leur situation inférieure dans
la famille et dans la sociĂ©tĂ©, ne peuvent pas ĂȘtre gommĂ©s par de simples
dispositions rĂ©glementaires internes Ă lâĂ©cole, encore moins par le rejet hors
de lâĂ©cole publique ; câest la sociĂ©tĂ© dans son ensemble (insertion,
urbanisme, emploi, âŠ) qui doit prendre en charge ces questions. Mais lâĂ©cole,
quant Ă elle, doit sâattaquer au problĂšme difficile de lâacceptation par tous
les Ă©lĂšves de lâenseignement quâelle dispense.
La nécessité de légiférer ou
non sur le port Ă lâĂ©cole de signes manifestant une appartenance religieuse (en
laissant de cÎté la dimension ostentatoire ou non, qui serait source de
contentieux répétés) est en débat, avec des arguments de poids dans les deux
formules. Si le principe dâune loi est retenu, celle-ci ne saurait de toutes
façons dispenser dâun travail de persuasion avant tout recours aux sanctions
prévues. Par ailleurs, ceux qui sont hostiles à une loi ne sont pas pour autant
partisans du port du voile ni du prosĂ©lytisme quâil manifeste dans certains
cas ; ils pensent seulement quâune loi aurait des effets pervers,
contraires au but recherché.
Les militants pédagogiques,
quâils soient ou non partisans dâune loi, savent que lâexclusion est la pire
des solutions et quâune loi ne
dispenserait pas dâun combat au quotidien pour une vraie laĂŻcitĂ©, comprise et vĂ©cue
par tous.
a Références Cahiers Pédagogiques
Les
religions et lâĂ©cole laĂŻque, mars 1994, n°323
LâĂ©cole et
la pluralité ethnique, décembre 2003, n° 419
Proposition
10
Il convient
de maintenir et renforcer lâaide publique apportĂ©e aux mouvements dâĂ©ducation populaire et aux mouvements pĂ©dagogiques.
Ceux-ci ne sont pas seulement utiles pour les élÚves décrocheurs
(ateliers-relais), mais leur expĂ©rience servirait beaucoup lâĂ©cole, si cette
derniÚre savait mieux utiliser leurs acquis et leurs compétences.
Les mouvements dâĂ©ducation
nouvelle, quâils soient directement engagĂ©s sur le terrain de lâĂ©cole ou sur la
périphérie, apportent depuis longtemps un plus au service public de
lâĂ©ducation.
Il sâagit lĂ dâĂ©nergies
militantes, dâenthousiasmes quâil convient de soutenir (on ne peut prĂŽner lâengagement
chez les jeunes sans le promouvoir quand il existe parmi les enseignants et
autres personnels). Les militants pédagogiques ne sont pas avares de leur temps
et sont un aiguillon indispensable. Lâaide qui peut leur ĂȘtre donnĂ©e est Ă la
fois dâallĂ©ger leur emploi du temps afin quâils soient plus disponibles pour
les tùches pour lesquelles ils sont compétents et de faciliter leur travail
(formalités administratives par exemple).
Souvent ces mouvements ont
lancé des innovations reprises par le systÚme. Qui peut nier que les programmes
de lâĂ©cole primaire reprennent certaines idĂ©es dĂ©veloppĂ©es par le mouvement
Freinet ? Des dispositifs nouveaux comme lâheure de vie de classe ou les
itinĂ©raires de dĂ©couverte sont largement inspirĂ©s dâexpĂ©rimentations portĂ©es
par les mouvements. Actuellement, lâinstitution fait appel Ă ces mouvements
pour par exemple former les dĂ©lĂ©guĂ©s-Ă©lĂšves, animer les ateliers relaisâŠIl y a
peu, des universitĂ©s dâĂ©tĂ© Ă©taient confiĂ©es Ă ces mouvements, avec un
incontestable succĂšs (bilans Ă©valuatifs des participants trĂšs positifs,
diffusion dâoutils suite Ă ces stagesâŠ) : lâexpĂ©rience a Ă©tĂ©
malheureusement abandonnée récemment.
Puisque la compétence et le
professionnalisme sont reconnus dans ces domaines, pourquoi ne pas les utiliser
ailleurs ? Le CRAP-Cahiers PĂ©dagogiques
a montré ses capacités à travailler en partenariat notamment avec le CNDP en
publiant des documents permettant lâaccompagnement de rĂ©formes majeures (cf. le
livre-référence sur les TPE, entre autres) ; la revue est un puissant
diffuseur de â bonnes pratiques â : elle est largement utilisĂ©e
dans les IUFM notamment. Une aide plus consĂ©quente permettrait dâaccroĂźtre les
efforts de diffusion. Lâatout dâun organe indĂ©pendant est de ne pas avoir une
image officielle et dâĂ©viter les rejets de principe de certains dispositifs
parce quâapparaissant â venus dâen haut â.
Sur des questions qui tournent
autour de lâautoritĂ© et de la prĂ©vention de la violence, lâexpĂ©rience scolaire
et extra-scolaire des mouvements peut aussi ĂȘtre un atout, pas assez utilisĂ©.
Les mouvements, en
contrepartie de cette aide, acceptent bien sûr de discuter des modalités
dâĂ©valuation de leur action (qui ne doit cependant pas ĂȘtre Ă trop court
terme). Ils doivent combattre les tendances Ă â donner des leçons â et
Ă croire possĂ©der les rĂ©ponses. Sâil convient de les prĂ©senter lors des
formations initiales, cela doit se faire de maniĂšre souple, sans quâil y ait la
tentation de donner Ă voir des â modĂšles â. Le repli sur soi, le
maximalisme, le purisme, lâexaltation trop grande du secteur expĂ©rimental, les
rĂ©clamations excessives sont Ă rejeter au profit dâune coopĂ©ration pas toujours
simple, avec lâinstitution.
a Références des Cahiers
PĂ©dagogiques
La pédagogie
coopérative, n°
347, octobre 1996
LâĂ©ducation
toujours nouvelle,
n° 395, juin 2001
CRAP-Cahiers PĂ©dagogiques
10 Rue Chevreul
75011 PARIS
Tel : 01 43 48 22 30
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