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Dans l’éducation, la notion d’obstacle pĂ©dagogique est Ă©galement mĂ©connue. J’ai souvent Ă©tĂ© frappĂ© du fait que les professeurs de sciences, plus encore que les autres si c’est possible, ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas. Peu nombreux sont ceux qui ont creusĂ© la psychologie de l’erreur, de l’ignorance et de l’irrĂ©flexion. Les professeurs de sciences imaginent que l’esprit commence comme une leçon, qu’on peut toujours refaire une culture nonchalante en redoublant une classe, qu’on peut toujours comprendre une dĂ©monstration en la rĂ©pĂ©tant point pour point. Ils n’ont pas rĂ©flĂ©chi au fait que l’adolescent arrive dans la classe de Physique avec des connaissances empiriques dĂ©jĂ  constituĂ©es : il s’agit alors, non pas d’acquĂ©rir une culture expĂ©rimentale, mais bien de changer de culture expĂ©rimentale, de renverser les obstacles dĂ©jĂ  amoncelĂ©s par la vie quotidienne.

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Ainsi toute culture scientifique doit commencer par une catharsis intellectuelle et affective. Reste ensuite la tâche la plus difficile : mettre la culture scientifique en Ă©tat de mobilisation permanente, remplacer le savoir fermĂ© et statique par une connaissance ouverte et dynamique, dialectiser toutes les variables expĂ©rimentales, donner enfin Ă  la raison des raisons d’évoluer.

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Au cours d’une carrière déjà longue et diverse, je n’ai jamais vu un éducateur changer de méthode d’éducation. Un éducateur n’a pas le sens de l’échec précisément parce qu’il se croit un maître. Qui enseigne commande. D’où une coulée d’instincts.

Gaston Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique.


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