Communiqué par la liste Résistons Ensemble, 20 mai
2003
LA LOGIQUE DU BOUC EMISSAIRE
A PROPOS DU SEXISME ET DE L'ANTISEMITISME EN BANLIEUE... ET
AILLEURS, par Pierre Tevanian
http://lmsi.net/
Ce qui rend mensongers la plupart des discours consacrés à " la
violence des jeunes de banlieue ", c'est toute une série d'omissions
ou d'occultations. Les violences qui adviennent aujourd'hui en
banlieue sont en effet exhibées, tandis que sont occultées
- les violences du même type qui ont pu avoir cours dans le passé,
autant voire davantage qu'aujourd'hui ;
- les autres violences que subissent les habitants des " banlieues
" en question : chômage, précarité, racisme, harcèlement policier…
- l'origine des faits de violence : l'origine sociale des petits
délinquants, ou la longue histoire des violences policières impunies
(et des mobilisations politiques étouffées) qui mène aux émeutes ;
- tout le " positif " : le dynamisme et les solidarités qui
existent en banlieue. C'est ainsi qu'à partir d'un fait de violence
authentique, se construit un discours mensonger :
- cette violence devient une violence " nouvelle " ou " en
augmentation ", alors qu'elle ne l'est pas forcément ;
- elle devient l'unique problème des " banlieusards ", alors
qu'elle est loin de l'être ;
- elle devient une violence " sans cause ", totalement "
irrationnelle ", défiant l'entendement, et ses auteurs dont donc
rejetés du côté de la " barbarie ", alors que l'acte s'inscrit
souvent dans un contexte et dans des logiques sociales ;
- enfin, cette violence devient l'emblème de la banlieue, comme si
rien d'autre ne s'y produisait, et les habitants sont ainsi divisés
en coupables et victimes, sans que personne n'ait droit au titre de
sujet agissant [1]. Mais il est un autre mensonge, l'un des plus
répandus et des plus pervers, qui consiste à occulter les violences
qui ont cours en dehors des banlieues. C'est ainsi, par exemple,
qu'on parle aujourd'hui des viols collectifs, et plus largement des
formes plus ou moins agressives de sexisme, ainsi que de
l'antisémitisme. C'est également ainsi qu'on se met, de plus en
plus, à parler de l'homophobie. Depuis deux ans, en effet, ces
phénomènes sont présentés, à longueur de journaux, reportages et
autres "débats de société", comme des phénomènes radicalement
nouveaux (au moins par leur ampleur), et spécifiques aux "banlieues"
ou aux "quartiers" [2]. Cette prétendue spécificité n'est pas
toujours affirmée ouvertement ; elle est parfois simplement
suggérée, à l'aide de toute une série de stratégies sémantiques,
comme l'usage du verlan ou de l'argot des banlieues : on parle
d'"antifeujes" plutôt que d'"antisémites", et de "tournantes" plutôt
que de "viols collectifs" [3]. Et c'est là que se situe le problème :
qu'il s'agisse de l'antisémitisme, du sexisme ou de l'homophobie,
ces nouveaux discours ont ceci de pervers qu'ils pointent des
problèmes bien réels, dont la gravité est indiscutable, mais qu'ils
omettent de dire que ces problèmes concernent en réalité l'ensemble
de la société française, et qu'aucune donnée empirique ne permet
d'affirmer que la jeunesse des banlieues est davantage en cause que
le reste de la société. Nonna Mayer a par exemple montré que les
enquêtes d'opinion contredisent la thèse de la " nouvelle
judéophobie ", élaborée par Pierre-André Taguieff et relayée par de
nombreux médias, selon laquelle "des secteurs entiers de la société,
notamment dans certaines zones péri-urbaines, sont antijuifs .
Pourtant, on continue de pratiquer l'évitement, afin de ne pas
stigmatiser les jeunes issus de l'immigration" [4]. Ces enquêtes
montrent en effet que les idées antisémites ne sont pas dominantes
dans les milieux d'extrême gauche et dans la jeunesse issue de
l'immigration maghrébine ; elles restent, aujourd'hui comme par le
passé, présentes dans l'ensemble de la société française, avec des
" pics " à la droite de la droite, dans les franges de l'opinion qui
manifestent par ailleurs un très fort rejet de l'immigration
maghrébine. Plus précisément, en 2000, 20% des sondés approuvaient
l'énoncé " les Juifs sont trop nombreux en France ", et 97% de ces
antisémites approuvaient également l'énoncé " il y a trop d'Arabes " [5].
Et lorsqu'on passe des opinions aux actes, les seules données
disponibles, celles du Rapport 2001 de la Commission nationale
consultative sur les droits de l'homme, indiquent que :
- sur 35 personnes identifiées et déférées devant la Justice pour
"violence raciste, xénophobe ou antisémite", on a dénombré cinq
militants d'extrême droite et quinze militants "ultra-sionistes" ;
- sur 29 prévenus accusés de menaces racistes, on a dénombré quinze
militants d'extrême droite, deux "ultra-sionistes" et six "individus
d'origine maghrébine" ;
- sur 13 personnes identifiées et interpellées pour menaces
dirigées contre des Juifs, on a dénombré quatre "jeunes maghrébins",
et cinq militants d'extrême droite [6]. Quelles que soient les
limites de ces chiffres, force est d'admettre que nous sommes loin
de "l'Année de cristal" annoncée par certains [7], que les auteurs
d'agressions antisémites sont loin d'être tous des jeunes
maghrébins, et qu'ils représentent en tout état de cause une infime
minorité de la jeunesse issue de l'immigration maghrébine.
Le sexisme en banlieue… et ailleurs
Quant aux violences et aux discriminations sexistes, elles sont
également loin d'être l'apanage des "quartiers sensibles". Aucune
statistique fiable ne permet d'établir un quelconque monopole de la
banlieue, ni même une spécificité ou une recrudescence des viols,
individuels ou collectifs, en banlieue [8]. Il faut par ailleurs
rappeler que, d'après les sources existantes, la majeure partie des
violences faites aux femmes, qu'elles soient "sexuelles" ou non, ont
lieu dans l'espace privé et non dans la rue ou dans les caves, et
qu'elles sont le fait des maris sur leurs femmes ou leurs filles, ou
des conjoints sur leurs compagnes :
- au cours d'une enquête publiée par l'INED en 1992 auprès d'un
échantillon représentatif de femmes vivant en France, 4,4% des
femmes ont déclaré avoir subi au moins une fois " des rapports
sexuels imposés par la contrainte ", et dans 75% des cas, c'est un
proche qui a imposé ce " rapport " sexuel [9] ;
- en France, on évalue à 10% la proportion des femmes ayant subi
des violences physiques de la part de leur conjoint, et cela dans
tous les milieux sociaux. Quant à "l'Omerta" que dénonçait
dernièrement le mouvement "Ni putes ni soumises", elle n'a rien à
envier à celle qui règne dans les campagnes, dans les centre-villes
ou dans les "beaux quartiers" [10]. Il y aurait aussi beaucoup à
dire sur la violence et le harcèlement sexuel dans le monde de la
mode et du spectacle, dans les hôpitaux ou à l'université - ou
encore sur la violence conjugale dans le monde politique... Daniel
Vaillant, Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Sarkozy sont toujours
restés étrangement muets sur ces questions, à tel point qu'on
pourrait, là encore, parler d'Omerta [11]. Par ailleurs, avant de
porter un regard hautain sur les "banlieues", et avant de présenter
ces "banlieues" comme des enclaves d'arriération et de sexisme au
milieu d'une France égalitaire et émancipée, la classe dirigeante et
le monde médiatique seraient bien avisés de se regarder en face :
ils découvriraient un univers dominé, voire monopolisé, par des
mâles - et plus précisément encore par des mâles blancs, riches et
hétérosexuels. On sait notamment que :
- deux ans après la loi d'avril 2000 sur la parité, lors des
élections législatives de juin 2002, les femmes ne représentaient
que 36% des candidats présentés par le Parti socialiste, et 20% des
candidats présentés par l'UMP ;
- à l'issue de ces élections, les femmes représentent seulement
12,3% des députés ;
- en 2001, les femmes ne représentaient que 11% des maires et 10%
des sénateurs ;
- depuis la fin de l'Ancien Régime jusqu'à nos jours, il n'y a eu
qu'une seule femme Première ministre (Édith Cresson), et aucune
présidente de la République ;
- dans le gouvernement Raffarin, comme dans la plupart des
précédents, les ministères les plus stratégiques, en particulier
ceux des Affaires étrangères, de l'Économie et des finances, de la
Justice, de l'Intérieur, des Affaires sociales et de l'Éducation
nationale, sont tous dirigés par des hommes ;
- depuis deux siècles, aucune femme n'a jamais occupé le poste
stratégique de ministre des finances ;
- en 1999, les femmes ne représentaient que 4,6% des Préfets ;
- les femmes représentent seulement 6,3% des administrateurs des
5000 plus grandes entreprises françaises ; et parmi les 200
principales entreprises présentes en France, aucune n'est
administrée par une femme ;
- les PDG et les directeurs de rédaction des plus grands quotidiens
(notamment Le Monde, Libération, Le Parisien), des grands
hebdomadaires (notamment Le nouvel observateur, Le Point) et des
chaînes de radio périphériques sont quasiment tous des hommes ;
- les six chaînes de télévision hertziennes sont toutes dirigées
par des hommes ;
- en 1998, les femmes ne représentaient que 20% des membres de la
direction de l'AFP et du journal Le Monde, 22% des journalistes de
radio et de télévision, 24% des journalistes travaillant dans la
presse nationale, mais elles représentaient en revanche près de 80%
des pigistes réviseuses et 100% des pigistes sténographes et
traductrices ;
- un décompte effectué sur cinq grands quotidiens, une chaîne de
radio et une chaîne de télévision, montre que les femmes
représentent seulement 17% des personnes citées dans les reportages
journalistiques [12]. Et lorsqu'une institution prestigieuse comme
l'École Nationale de la Magistrature est investie par des femmes, le
ministre de la Justice s'empresse d'exprimer son inquiétude devant
"les problèmes d'organisation" que cette féminisation risque de
provoquer dans les tribunaux, et de s'interroger sur "la partialité
des femmes magistrats jugeant des hommes" [13]. On pourrait dire
beaucoup aussi de l'image des femmes véhiculée par les
publicitaires, qui ne sont généralement pas, loin s'en faut, issus
des classes populaires, ni de l'immigration africaine. Sans parler
non plus de ces talk-shows télévisés durant lesquels Guillaume
Durand, Franz-Olivier Giesbert et leurs invités mâles, "blancs" et
riches pontifient sur la difficile condition de la femme en
banlieue, sa relégation et son statut de femme-objet, devant des
filles "black, blanc, beur", toutes jeunes, jolies et apprêtées, qui
se tiennent immobiles et muettes à l'arrière-plan, réduites au rang
de plantes vertes. Rappelons, pour finir, que le monde du travail
est aujourd'hui l'un des principaux lieux de violence et de
discrimination à l'encontre des femmes. Selon les enquêtes les plus
récentes, menées ces dernières années :
- les hommes gagnent en moyenne 25% de plus que les femmes, et si
l'on ne considère que les cadres du secteur privé travaillant à
temps complet, l'écart s'élève à 33% ;
- les femmes, qui représentent 45,8% de l'emploi total, ne
représentent que 35% des cadres dans les entreprises publiques, et
seulement 24% des cadres dans les entreprises privées ;
- 85% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes ;
trois femmes sur dix travaillent à temps partiel, et la moitié
d'entre elles ne l'ont pas choisi ;
- les femmes occupent systématiquement les emplois les moins
valorisés et les moins rémunérés : dans l'enseignement, par exemple,
elles représentent 77% des professeurs à l'école primaire, 56% dans
l'enseignement secondaire, et seulement 31% dans le supérieur (et il
en va de même dans le journalisme ou dans la médecine : beaucoup
d'infirmières, peu de femmes "chirurgiennes" ou "médecins-chefs") [14].
Après cela, on peut difficilement prétendre que le respect de
la femme et le principe d'égalité font partie de "nos valeurs
républicaines", et qu'ils "s'arrêtent aux portes des cités". Car en
termes de domination masculine, les halls d'immeuble HLM ne
diffèrent pas vraiment des bancs de l'Assemblée nationale ou des
fauteuils des Conseils d'administration [15]. Quant à l'homophobie
de la classe politique, la lecture des débats parlementaires sur le
PACS permet d'en prendre la mesure [16]. Le constat est accablant :
la violence et la grossièreté des injures proférées par les
"représentants du peuple français" n'a rien à envier à ce qu'on peut
entendre dans la bouche de certains "sauvageons". De la pure et
simple injure (" les pédés je leur pisse à la raie ") à la
bestialisation, en passant par les pires amalgames (entre
homosexualité et " sida ", " inceste ", " pédophilie ", " zoophilie
" et " décadence "), la frange la plus homophobe de la droite
parlementaire s'est particulièrement illustrée - sans, du reste,
être rappelée à l'ordre très vivement par le reste de la
"représentation nationale". Or, il convient de rappeler qu'à
l'Assemblée nationale, à cette époque comme aujourd'hui, le nombre
de députés issus des classes populaires et de l'immigration
africaine étaient proche de zéro, et que les auteurs des pires
invectives homophobes étaient tous des hommes mûrs, "blancs" et
appartenant aux classes supérieures [17]. De même, ce ne sont pas
des " jeunes de banlieue ", ni des " islamistes ", qui ont alors
manifesté dans les rues de Paris derrière des slogans comme " Pas de
neveux pour les tantouzes " ou "Les pédés au bûcher". C'est
pourquoi, après l'arrivée à Paris de la Marche "ni putes ni
soumises", un certain nombre de questions demeurent. Celle de la
condition des filles et des femmes en banlieue, bien entendu, mais
également plusieurs autres, et en premier lieu celle de
l'instrumentalisation et de la récupération. Il ne s'agit pas de
contester la bonne foi des "marcheuses", ni de mettre en doute leur
capacité politique. Il s'agit encore moins de nier l'étendue et la
gravité des problèmes de sexisme qui peuvent exister en banlieue, ni
de décréter que ces problèmes sont secondaires par rapport à
d'autres - comme le chômage, la précarité, la discrimination ou la
violence policière. Il s'agit plutôt de s'interroger sur
l'orientation que donnent à ce mouvement ses dirigeants, ses
"parrains", et plus encore les médias qui l'ont abondamment couvert
et les hommes politiques qui l'ont unanimement salué. Car si on ne
prend pas en même temps la mesure de ces violences dans tous les
milieux, et si l'on ne relie pas les formes spécifiques du sexisme
en banlieue aux formes spécifiques qui existent ailleurs et qui les
nourrissent, alors la révolte des "marcheuses" risque fort de se
trouver dans une impasse. En d'autres termes, il est à craindre que
le soutien unanime dont ont bénéficié les "marcheuses" soit lourd de
non-dits et d'arrières-pensées : sans doute l'émancipation des
jeunes filles de banlieue passe-t-elle par des échanges vifs, voire
des conflits ouverts, avec les garçons et les parents ; mais ces
conflits ne seront productifs que si en sont clairement écartés, au
préalable, les "parrains" bienveillants qui ont de tout autres
raisons, bien moins avouables, de s'en prendre aux garçons et aux
parents. Des raisons moins féministes qu'opportunistes, ou
sordidement racistes.
Pierre Tévanian
Ce texte est paru dans le numéro 20, mai 2003 de No Pasaran
Notes:
[1] Ces quatre occultations et leurs effets sont analysées plus en
détail dans la réédition augmentée et actualisée de Stop quelle
violence ? (300 p.), à paraître en juin 2003 à L'esprit frappeur.
[2] Sur la campagne de presse menée autour du thème de
"l'antisémitisme en banlieue", cf. D. Vidal, Le mal-être juif. Entre
repli, assimilation et manipulations, Agone, 2003, et" Huit
questions sur la couverture par les médias des agressions
antisémites en France", http://acrimed.samizdat.net Si les
principaux relais médiatiques de cette campagne ont été Marianne, Le
Point, Le nouvel observateur, L'Express, et plus encore Le Figaro,
les quotidiens Le Monde et Libération l'ont également relayée. Quant
à la question des viols collectifs, plusieurs articles de ces deux
quotidiens semblent indiquer qu'il est acquis, dans leurs
rédactions, que les viols collectifs sont un phénomène nouveau et
spécifique à la banlieue. Cf. par exemple Le Monde, 25/10/2002 : "La
condition des jeunes filles s'est dégradée dans les quartiers
difficiles".
[3] Cf. Les antifeuj, rapport sur l'antisémitisme publié par SOS
Racisme et l'Union des Étudiants juifs de France, et Dans l'enfer
des tournantes, titre imposé par l'éditeur à Samira Bellil pour le
récit de son expérience de femme violée. Plus perverse encore,
l'allusion récurrente aux prétendus méfaits du "droit à la
différence" (aussi bien dans le discours de Pierre-André Taguieff et
de Luc Ferry sur l'antisémitisme que dans le manifeste "Ni putes ni
soumises" consacré au sexisme) est une manière de faire passer
discrètement, comme en contre-bande, une accusation extrêmement
grave : ce seraient les immigrés, les Maghrébins ou les Africains,
en tout cas les populations "différentes", qui seraient en cause
dans les phénomènes de sexisme et d'antisémitisme ; et la gauche
antiraciste qui, autour du MRAP notamment, a promu le "droit à la
différence", serait coupable de complaisance avec ces "maladies
exotiques"… L'idée qu'il puisse exister une tradition et une
actualité franco-françaises du sexisme et de l'antisémitisme, et
cela dans tous les milieux sociaux, a totalement disparu. Cf. "Ni
putes ni soumises", Appel consultable sur www.macite.net, et Luc
Ferry, cité dans Le Monde, 01/03/2003.
[4] P.-A. Taguieff, Le Point, 05/04/2002
[5] Cf. N. Mayer, Le Monde, 04/04/2002. Par ailleurs, plus de 60%
des sondés approuvent l'énoncé "il y a trop de Maghrébins".
[6] Chiffres cités par Dominique Vidal dans Le mal-être juif. Entre
repli, assimilation et manipulations, Agone, 2003
[7] La formule est d'Alain Finkielkraut (cité par D. Vidal dans Le
mal-être juif, op. cit. , 2003)
[8] Cf. L. Mucchielli, Violence et insécurité. Mythes et réalité
dans le débat français, La découverte, 2001
[9] Chiffres cités dans A. Bihr, R. Pfefferkorn, Hommes/femmes :
quelle égalité ?, L'atelier, 2002
[10] Il est même probable que "l'Omerta" soit plus forte dans les
classes supérieures, parce que les violences s'y produisent dans des
espaces beaucoup mieux "protégés" des regards (des domiciles privés
plutôt que des caves), et parce que les victimes sont beaucoup moins
en contact avec les services sociaux que dans les classes
populaires.
[11] Par exemple, dans son livre La sécurité. Priorité à gauche
(Plon, 2003), Daniel Vaillant se déclare opposé aux "châtiments
corporels" pour les enfants ou les adolescents, mais il ne se
prononce pas pour ce qui concerne les épouses ou les compagnes, et
il ne consacre pas une ligne (sur 187 pages consacrées
quasi-exclusivement à la violence et à l'insécurité) à la question
des violences conjugales
[12] Sources : Libération, 07/03/2003 ; A. Bihr, R. Pfefferkorn,
Hommes/femmes : quelle égalité ? ; L'atelier, 2002 ; M. Bulard,
"Sexisme ordinaire au travail", Manière de voir, n°68, avril 2003.
[13] D. Perben, Europe 1, 05/02/2003, cité par Martine Bulard dans
"Des conquêtes inachevées", Manière de voir, n°68, avril 2003.
[14] Sources : A. Bihr, R. Pfefferkorn, Hommes/femmes : quelle
égalité ?, op. cit., 2002 ; M. Maruani, Travail et emploi des
femmes, La Découverte, 2000.
[15] Il n'est pas inutile non plus de rappeler que la République
française a mis plus d'un siècle et demi à accorder le droit de vote
aux femmes, et près de deux siècles à leur accorder un plein droit
au travail. Cf. C. Bard, Les femmes dans la société française,
Armand Colin, 2001, et M. Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La
Découverte, 2002.
[16] Le contexte et le contenu de ces débats, ainsi que les
principales invectives homophobes, sont rappelées dans le livre de
Daniel Borrillo et Pierre Lascoumes, Amours égales ?, La découverte,
2001.
[17] A l'exception de Christine Boutin, qui est une femme.
Collectif Les Mots sont importants
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