- GUIDE du MANIFESTANT -

 

Rédigé par le Syndicat de la Magistrature - Juillet 2003

Syndicat de la magistrature _

BP 155 75523 Paris Cedex 11

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QUE FAIRE LORSQU'ON EST ARRÊTÉ PAR LA POLICE LORS

D'UNE MANIFESTATION ?

 

I- LORS D'UN CONTROLE D'IDENTITE

 

VOS DROITS

Si vous êtes de nationalité française, vous pouvez établir votre

identité par tout moyen, il n'est pas obligatoire d'avoir sur vous

une pièce d'identité (mais vous pouvez alors être retenu pour vérification,

voir ci-dessous).

Si vous êtes de nationalité étrangère, vous devez, en principe,

toujours avoir avec vous le titre ou les documents vous autorisant à

circuler ou à séjourner en France (une carte de séjour, un passeport

avec un visa datant de moins de 3 mois , un récépissé de demande de

titre de séjour ou encore une convocation à la préfecture etc...) En

effet, la police peut à tout moment, contrôler la régularité de leur

séjour en France des étrangers, Les mineurs étrangers peuvent prouver

par tout moyen leur identité. Ils sont inexpulsables du territoire

français.

 

Les motifs du contrôle d'identité :

 

art 78-2 du code de procédure pénale : outre les contrôles

spécifiques des étrangers, les forces de l'ordre peuvent contrôler

votre identité s'il existe des raisons plausibles de soupçonner

qu'une personne a commis ou a tenté de commettre une infraction, se

prépare à commettre un crime ou un délit, ou est susceptible de

fournir des renseignements sur une enquête pénale en cours, ou fait

l'objet de recherches judiciaires.

 

Mais le Procureur peut aussi requérir des contrôles d'identité pour

les infractions qu'il précise (recherches de stupéfiants, ports

d'armes...). Enfin l'identité peut être contrôlée pour « prévenir une

atteinte à l'ordre public »

 

Les motifs du contrôle sont donc très larges, mais ils doivent

répondre à l'un de ces critères, sous peine de nullité du contrôle.

Par exemple, le fait de porter un auto-collant (ou une banderolle),

avec un sigle syndical ou associatif, ou une inscription licite

quelconque, ne justifie en aucun cas un contrôle d'identité. La

police n'a pas le droit de vous demander de retirer l'auto-collant,

car c'est une atteinte à la liberté d'expression. Autre exemple: vous

avez le droit de photographier ou de filmer une manifestation, et

rien n'interdit de filmer les policiers dans des lieux publics. Ils

n'ont pas le droit de confisquer votre matériel ou le film. la

rétention en vue de vérifier votre identité (art 78-3 du code de

procédure pénale):

 

Si vous n'avez pas de preuve de votre identité, vous pouvez être

retenu par la police qui souhaite vérifier votre identité pendant 4

heures maximum à partir de début du contrôle.

 

Ne tentez pas de vous soustraire par la force à un contrôle

d'identité, c'est un délit de rébellion. Restez toujours calme et

poli.

 

CONSEILS pour les contrôles d'identité

 

Vous avez le droit de faire aviser le procureur de la république de

votre rétention. Si vous êtes mineur, le procureur de la République

doit être informé dès le début de la rétention. Exercez le droit de

faire prévenir le procureur

 

Une copie du procès-verbal de contrôle d'identité doit vous être

remise après 4h , (s'il n'y a pas de garde à vue à la suite) - Exigez

ce document.

 

Vous avez le droit de prévenir votre famille ou toute personne de

votre choix. Si vous êtes mineur, vous devez être assisté par votre

représentant légal . Si les policiers sont agressifs lors d'un

contrôle d'identité, restez polis, ne les tutoyez pas, même s'ils

vous tutoient, ne faites aucun geste violent à leur égard, car cela

peut entraîner des procédure d'outrage ou de rébellion, ou de

violences sur personne dépositaire de l'autorité publique; des peines

d'emprisonnement sont encourues et vous pouvez être jugés en

comparution immédiate (flagrants délits). Prenez les coordonnées de

toutes les personnes qui peuvent témoigner de la scène. Si vous êtes

emmenés au commissariat , demandez à tout témoin de prévenir vos

proches ou un avocat.

 

Si vous refusez de collaborer à la vérification de votre identité (en

faisant des déclarations manifestement fausses, par exemple), vos

empreintes et une photo peuvent être prises. Et si vous refusez de

vous soumettre à cette mesure, vous pouvez être punis de 3 mois de

prison et 3750 euros d 'amende (art 78-5 du CPP)

 

Avant de signer un procès-verbal, relisez-le attentivement. Si vous

n'êtes pas d'accord avec le contenu des procès-verbaux, vous pouvez

refuser de les signer (documents rédigés par les policiers et

décrivant l'interpellation ou la vérification d'identité). Si vous

estimez que le procès-verbal contient des erreurs ou des

imprécisions, vous devez demander au policier qui l'a tapé de le

rectifier; s'il refuse, vous pouvez vous-même faire des ajouts

manuscrits à la fin du procès-verbal, suivis de votre signature.

 

Lors de l'interpellation, la police peut seulement accomplir sur vous

une palpation de sécurité. Il s'agit d'une recherche extérieure, à

travers les vêtements, d'objets dangereux pour la sécurité du porteur

ou d'autrui.. Cela ne peut en aucun cas consister en des

attouchements ou une fouille à corps.

 

Ayez toujours les coordonnées d'un ou plusieurs avocats sur vous

 

 

II- LORS D'UNE GARDE A VUE

 

Un officier de police peut décider de vous retenir au poste 48 heures

maximum s'il soupçonne que vous avez commis ou tenté de commettre une

infraction.

 

Si la garde à vue fait suite à un contrôle d'identité, la durée de la

garde à vue (48h)se calcule à partir de l'heure de votre

interpellation par la police (les 4 h de rétention pour le contrôle

d'identité incluses). Vous devez être immédiatement informé de vos

droits dans une langue que vous comprenez (art 63-1 du CPP). Si

l'interprète ne peut se déplacer , cela se fera par les moyens de

télécommunications autorisés.

 

VOS DROITS

 

Dès le début de la garde à vue , le procureur doit être informé par

l'officier de police judiciaire de votre placement en garde à vue.

 

Vous pouvez être retenu au maximum 48h (96h lorsque des stupéfiants

sont en cause)(art 63-1 du CPP). Si vous êtes mineur, vous pouvez

être retenu seulement 24h sauf en cas d'infraction punie de 5 ans

d'emprisonnement. La prolongation d'une garde à vue de 24h à 48h doit

être autorisée par le procureur.

 

Vous avez le droit de savoir de quelle infraction vous êtes

soupçonnées d'avoir commise (art 63-1 du CPP) Vous devez demander que

ce soit écrit sur le procès-verbal.

 

Vous avez le droit de voir un avocat que vous avez choisi ou un

avocat qui est mis à votre disposition si vous n'en connaissez pas.

 

Lorsque vous participez à une manifestation, ayez toujours sur vous

les coordonnées d'un ou plusieurs avocats. Vous devez rencontrer

votre avocat tout au début de la garde à vue et à la 20e heure (72e

heure en cas de stupéfiants), pendant 30 mn de manière confidentielle

(art 63-4 du CPP). En cas de prolongation de la garde à vue au delà

de 24h, autorisée par le procureur vous pouvez encore voir l'avocat à

la 36e heure.

 

Dès le début de la garde à vue « sans délai » , vous pouvez faire

prévenir, par l'intermédiaire d'un policier, par téléphone, un proche

(la personne avec qui vous vivez habituellement, l'un de vos parents,

l'un de vos frères ou sœurs, un ami, votre employeur, etc... (art 63-2

du CPP).

 

A tout moment lors de la garde à vue , à votre demande ou à celle

d'un membre de la famille, vous avez le droit de demander d'être

examiné par un médecin qui vient sans délai. Après 24h de garde à

vue, vous avez le droit de demander une seconde fois à vois un

médecin. Si vous avez moins de 16 ans, un médecin est désigné dès le

début de la garde à vue pour vous examiner.

 

Lorsque l'infraction concerne les stupéfiants, un médecin doit vous

examiner dès la première heure de garde à vue, puis toutes les 24h,

en plus des examens que vous pouvez personnellement demander, durant

la garde à vue qui peut ici durer 96h.

 

Il est possible que vous subissiez une fouille à corps afin de

rechercher des indices en rapport avec l'infraction constatée. Il

s'agit alors non seulement de fouiller vos vêtements mais aussi

l'intérieur de votre corps. Mais cette fouille à corps peut être

effectuée uniquement par un policier de même sexe que vous.

 

CONSEILS LORS DES GARDES À VUE

 

Relisez très attentivement le procès verbal_

 

Vous pouvez choisir de vous taire lors des interrogatoires. Attendez

d'avoir demandé conseil à votre avocat avant de répondre aux

questions posées par les policiers.

 

Vous pouvez refuser de signer le procès-verbal (documents décrivant

les conditions de garde à vue et des auditions). Si vous n'êtes pas

sûr de son contenu, mieux vaut ne pas le signer ou ajouter vous-même

des précisions à la fin du document, avant de le signer.  Ayez

toujours les coordonnées de un ou plusieurs avocats sur vous, avant

de partir en manif.

 

Si vous n'avez pas les moyens de payer les frais d'un avocat, vous

pouvez demander à l'État français de prendre en charge totalement ou

partiellement ces frais selon le montant de vos revenus mensuels.

C'est l'aide juridictionnelle.

 

Les policiers n'ont pas le droit de vous faire subir des violences,

ni physiques, ni morales (art 222-13 du CP et article 3 de la

Convention européenne des droits de l'homme). Si vous subissez des

violences (coups, insultes, humiliations, refus de repas.) parlez en

à votre avocat et demandez un examen médical afin que ces violences

soient constatées dans un établissement hospitalier et qu'un

certificat médical précisant la durée de l'arrêt de travail soit

établi.

 

Vous pouvez porter plainte devant un juge d'instruction avec

constitution de partie civile. Une somme d'argent vous sera demandée

à titre de consignation, sauf si vous avez l'aide juridictionnelle.

 

Si des violences contre des biens ou des personnes vous sont

reprochées, il est très important d'avoir pris les coordonnées des

personnes pouvant témoigner en votre faveur. Avant de manifester,

ayez sur vous des petits papiers où vous avez écrit votre nom et

votre téléphone, pour pouvoir les distribuer en urgence aux témoins,

au moment où la police vous emmène, et tâcher de prendre les

coordonnées des témoins.

 

Vous avez des droits que les policiers ne peuvent vous refuser, comme

ceux de voir un interprète, un avocat , un médecin. S'ils vous ont

été refusés, faites noter sur le procès-verbal que vous les avez

demandés ou bien noter le vous-même avant de le signer. Parlez en

impérativement à votre avocat, car le non respect de vos droits rend

toute la procédure nulle.

 

Si les policiers vous ont dit que vous figuriez sur le STIC (système

de traitement des infractions constatées), il s'agit d'un fichier de

police (ou de gendarmerie) sur lequel sont inscrites des personnes

"mises en cause" dans une précédente procédure (sans pour autant

avoir été condamné). Demandez aux policiers de vous lire les mentions

du fichier qui vous concernent, et si vous n'êtes pas d'accord, vous

pouvez écrire au Procureur de la République pour faire rectifier ou

effacer ces informations.

 

III- LORS D'UNE COMPARUTION IMMEDIATE

 

La comparution immédiate est une procédure qui permet de faire juger

quelqu'un très rapidement après son arrestation. Après la garde à

vue, vous pouvez être poursuivi devant le tribunal correctionnel.

C'est le procureur qui décide si on vous juge immédiatement, ou si on

vous relâche pendant la garde à vue, ou à la fin : en ce cas la police

peut vous remettre une convocation devant le tribunal, avec une date

d'audience.

 

Le procureur peut aussi décider de vous faire juger le jour-même, en

"comparution immédiate", si vous risquez une peine de prison égale ou

supérieure à 6 mois, c'est à dire pour la plupart des délits;

 

Voici quelques exemples justifiant un jugement immédiat: lorsque vos

êtes étranger en situation irrégulière, ou en cas de dégradations

lors d'une manifestation, ou d'outrage et rébellion ou de violences

envers la police (ou de menaces verbales de violences), en cas de

mendicité avec un chien "dangereux", d'occupation d'un squatt,

d'outrage au drapeau ou à l'hymne national, ou si vous êtes sous le

coup d'une interdiction du territoire, d'un arrêté préfectoral de

reconduite à la frontière ou d'une mesure d'expulsion. Mais en cas de

« racolage passif » (et si vous n'êtes pas aussi en situation

irrégulière), seuls deux mois de prison sont encourus et la

comparution immédiate est donc impossible.

 

CONSEIL TRES IMPORTANT :

 

Vous avez le droit de refuser d'être jugé le jour-même lorsque le

juge vous demande si vous acceptez la comparution immédiate (art 397

du CPP). Mais vous risquez d'aller en prison en attendant pendant 2 à

6 semaines Parlez en à votre avocat. Le risque d'aller en prison en

attendant d'être jugé même si vous avez une famille , un travail est

réel. Attention! Devant le tribunal soyez calme et poli. Ecoutez les

conseils de votre avocat, dont la présence est obligatoire, sur

l'attitude à avoir et surtout sur les déclarations à faire au juge.

 

Vous avez le droit de faire appel contre la décision du juge qui vous

condamne.

 

Vous pouvez demander l'aide juridictionnelle pour payer les frais

d'avocat et les frais de justice, si vos revenus sont inférieurs au

SMIC.

 

 

IV LORS D'UNE RETENTION ADMINISTRATIVE d'un ETRANGER

 

Si vous êtes étrangers en situation irrégulière, le préfet peut

décider de vous reconduire à la frontière. Dans ce cas , le préfet

peut vous placer en rétention administrative pendant 48h pour

préparer votre renvoi. Au delà de ces 48h , vous pouvez être maintenu

en rétention pendant encore 10 jours au maximum sur décision du juge

des libertés (2 fois 10 jours), soit 12 jours dans un centre de

rétention au total.

 

Si vous êtes demandeur d'asile, retenu par la police (4 jours) à

l'entrée du territoire français, vous pouvez être ensuite placé en

rétention pendant 16 jours sur décision du juge, soit 20 jours au

total en rétention.

 

VOS DROITS

 

Vous devez être informés de vos droits dès le début de votre

rétention dans une langue que vous comprenez.

 

Vous avez le droit de faire un recours contre la décision de

reconduite à la frontière mais le recours n'est pas suspensif (vous

restez en rétention)

 

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un médecin.

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un avocat.

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un interprète.

Vous pouvez communiquez avec votre consulat et avec une personne de

votre choix.

 

Vous avez le droit de faire appel contre la décision du juge de

prolonger la durée de votre rétention.

 

Comme en garde à vue , vous devez être bien traité en rétention ( ne

subir aucun violence ni physique, ni morale)

 

CONSEILS LORS DE LA RETENTION D'UN ETRANGER

 

Une association, la CIMADE se trouve sur les lieux de rétention afin

de pouvoir vous aider, notamment à contester la décision de

reconduite à la frontière. Demandez à la rencontrer au plus vite

(Siège : 01 45 55 15 77)

 

Pour une information sur les droits des étrangers, contacter aussi le

GISTI (01 43 14 84 89) ou l'ANAFE (01 42 08 69 93)

 

V - LORS DE LA FOUILLE D'UN VEHICULE

 

Sauf lorsqu'il s'agit d'un véhicule d'habitation ( caravanes), la

police peut fouiller un véhicule y compris le coffre , si elle a des

« raisons plausibles » de soupçonner qu'un crime ou un délit flagrant a

été commis par l'un des occupants.

 

La police peut aussi immobiliser un véhicule pendant 30mn et le

fouiller avec l'accord du conducteur (ou à défaut le procureur) « pour

prévenir d'une atteinte grave à a sécurité des personnes et des biens »

 

VI - les VIGILES

 

Sur arrêté du préfet, dans les lieux et à des dates précisées dans

cet arrêté, les vigiles peuvent procéder à des palpations de sécurité

(donc sur les vêtements), en cas de menaces graves pour la sécurité

publique. Ces palpations sont faites par une personne du même sexe

que l'intéressé.

 

Les vigiles peuvent aussi faire ouvrir un sac à main, et ne peuvent

le fouiller qu'avec le consentement de la personne.

 

 

                AUTEUR : Syndicat Magistrature

                DATE : 22 juillet 2003